«Il ne faut surtout pas sous-estimer l’entraîneur africain…»

Claude Le Roy :

, Claude Le Roy, 73 ans, a effectué toute sa carrière de joueur professionnel en France, au sein de quatre clubs. Devenu entraîneur, c’est essentiellement à l’étranger qu’il a exercé son métier. Même s’il a accompagné quelques clubs de l’Hexagone, c’est en Asie (Chine, Oman, Émirats arabes unis, Malaisie, Syrie), et en Afrique (Cameroun, Sénégal, RD Congo, Ghana, Congo et Togo, quitté en avril dernier), que Le Roy s’est surtout fait connaître, en remportant notamment la CAN avec le Cameroun en 1988.

Elle est très attendue cette sacrée CAN-2023, fait souffler des commentaires et des analyses qui se croisent sur l’ensemble des réseaux sociaux et sur les espaces réserves à ces débats.
Les sélectionneurs s’enchaînent, sur les plateaux télés et radios, c’est important pour eux, manière de renforcer leurs muscles et se faire entendre par leurs supporters. Il faut travailler dès aujourd’hui, la communication et le style qu’il va falloir utiliser pour convaincre et donner du sens à leur équipe n’est pas facile. C’est le cas du sélectionneur Claude Le Roy qui ouvre le bal en accordant un entretien à un journal africain, le choix est parfait pour parler de cette prochaine compétition qui n’est pas loin, alors pas du tout, au regard de la vitesse dont les journées, les semaines et les mois qui passent. Il parle dans cette deuxième partie de l’entretien exclusif qu’il a accordé à Afrik, de Djamel Belmadi et de Walid Regragui qu’il encense, tout en levant un bouclier contre une « certaine démagogie ambiante » qui voudrait chasser les sélectionneurs étrangers des équipes nationales africaines.
Claude Le Roy, n’est pas seulement un technicien, mais une star armée d’une légitimité historique (9 participations à la CAN). «Il est le seul entraîneur « étranger » à regarder le continent droit dans les yeux pour dire, ses vérités en face. « On n’est pas fiers de tout ce que la France a fait en Afrique, mais il ne faut pas nier non plus ce que la France a apporté à ce continent que j’aime tant» claque-t-il avec sa franchise habituelle, estime notre confrère de la presse africaine Nacym Djender.
La coupe du Monde, pourquoi voyage-t-elle vers d’autres continents et pas vers l’Afrique ? La réponse n’est souvent pas pour cet homme qui semble être le seul étranger à connaitre l’Afrique.
«Je dirais un peu de patience…Ne pas vouloir tout changer, tout chambouler au gré des envies des ministres, des alliances, des intérêts des uns et des autres. Se dire surtout qu’il n’y a rien au-dessus du football et de la sélection nationale. Quand on fait quelque chose, il faut savoir se dire : « Est-ce que c’est bien pour l’équipe que je dirige ou c’est bien pour moi ? » La seule chose qui compte, c’est cette question-là ! Quand je prends cette décision, est-ce pour l’intérêt de l’équipe ou pour mon propre intérêt ?». Derrière cette question et surtout cette réponse, le sélectionneur, semble ne pas être trop gêné pour apporter des éléments pour convaincre le lecteur pour ne pas dire ses chefs et les médias.

Walid Regragui et Djamel Belmadi
Il dit de Regragui qu’il est intelligent, les grosses batteries ne lui font pas peur, il a derrière lui la coupe du Monde, qui est déjà pour beaucoup de professionnels, un indice qui susciterait une curiosité, celle de le suivre, de le surveiller comme un joueur sur les stades. Son équipe aussi bien façonnée peut créer des surprises, faut y croire, semble être le message du sélectionneur avant de glisser une impression en l’occurrence…Il sait reconnaître le talent. A partir de là, il cumule toutes qualités pour être un super entraîneur. Qu’en-est-il de Djamel Belmadi, «Djamel aussi, je le connais depuis longtemps puisque je voulais le faire signer déjà en tant que joueur lorsque je dirigeais Strasbourg. Donc, ça fait longtemps que je le suis. C’est pareil pour lui. Ce n’est jamais facile de réussir à s’imposer dans un pays aussi compliqué que l’Algérie, très compliqué même ! Djamel a su imposer sa personnalité, que ça plaise ou pas, mais le fait est que les résultats ont plaidé pour lui. Après, lui aussi, il aime le jeu, il aime le talent…». Dans un pays complique, dit-il, sauf qu’il n’explique pas en quoi l’Algérie est un pays difficile. Autant il est communicatif autant devait qu’il se lâcher pour que sa clientèle le comprenne afin qu’elle se colle ou se décolle de lui.

Sa contradiction
Il estime que l’Afrique doit faire confiance à ses entraîneurs, Djamel Belmadi est au cœur de ses origines et il s’y plaît. Pour lui, il estime qu’il est temps de s’échapper de la démagogie, comme si celle-ci constitue l’arme qui façonne l’image d’une équipe «’Il ne faut pas tomber dans la démagogie de dire, maintenant, il est temps que les équipes africaines soient dirigées par des entraîneurs africains, juste parce que Aliou Cissé, Djamel Belmadi et Walid Regragui».
Pour se barrer la route à des réactions des professionnels, il glissera « Il ne faut pas oublier que ces trois entraîneurs ont vécu beaucoup moins de temps que moi en Afrique, par exemple ! Il faut prendre des entraîneurs parce qu’ils sont bons et non pas parce qu’ils ont telle ou telle nationalité ?». Quel conseil veut-il faire passer ? Aucun, pour lui un entraîneur africain faut pas le sous-estimer, dit-il, mais un étranger est le bienvenu «’C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’entraîneurs de niveau moyen qui ont obtenu des postes parfois au détriment de jeunes entraîneurs avec de grandes qualités. Vous savez, tous mes adjoints africains étaient devenus sélectionneurs par la suite. Tous, sans exception !» et de compléter « j’ai passé mon temps à promouvoir justement les entraîneurs issus du continent africain, non pas parce qu’ils étaient Africains, mais parce qu’ils étaient bons, tout simplement».
Enfin, dans cet entretien, nous noterons, qu’il est un sélectionneur qui ne peut assurer des performances à ses joueurs s’il n’est pas entouré d’adjoints de qualité «Ceux qui peuvent apporter un plus, en matière de responsabilité, ceux qui pouvaient me mettre en péril, ceux qui sont capables de me dire qu’ils ne sont pas d’accord avec moi, même si, au final, c’est toujours moi qui décide. Il ne faut surtout pas de courtisans autour de soi».

En résumé
Claude Le Roy n’aime pas les discours un peu démagogiques qu’il entend un peu partout ces derniers temps et qui ne correspondent à rien. Pour lui, ces trois garçons Cissé, Belmadi et Regragui ont «grandi en France et ont fait leur carrière et passé tous leurs diplômes en France. Ils auraient pu être en Italie, en Allemagne ou aux Pays-Bas…Ils auraient pu obtenir leurs diplômes ailleurs». Le Claude le Roi trouve cela un peu réducteur, il est loin d’être un franco-français, franchouillard. Il termine par dire «Je pense que la France n’a pas à être fière de tout ce qui a été fait en Afrique. Mais il y a aussi des choses positives et il faut bien savoir le reconnaître parfois. Moi, j’essaie toujours garder beaucoup de mesures».
Synthèse H. Hichem

 

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