Nul doute que la conscience de soi ne s’acquiert que par le travail

Le travail peut-il aider à prendre conscience de soi ?

Il n’y a pas de meilleur moyen que le travail pour se connaître soi-même, connaître ses capacités, et prendre de soi.

Une activité professionnelle qui soit une vocation pour une personne peut seule déterminer ce que cette personne est capable de faire, autrement dit, le travail est le baromètre pouvant indiquer les limites au-delà desquelles elle peut aller. On reste convaincu que le travail est une valeur qui permet à celui qui l’exerce de vivre, mais c’est aussi un moyen de se connaitre par rapport aux autres du même métier, de se mesurer à eux Donc c’est un moyen de prendre conscience de soi. Lorsqu’on fait le même travail avec d’autres et que ces autres font ce travail mieux que soi, il y’a lieu de se poser des questions sur ses connaissances, c’est-à-dire son savoir et son savoir faire. Pour mieux comprendre, on peut prendre des exemples à l’infini. Prenons le domaine médical en nous basant sur des faits concrets. La réalité a donné à comparer des médecins généralistes sortis la même année avec le diplôme en poche. On s’est rendu compte que certains délivrent de bonnes ordonnances et arrivent à administrer des traitements efficaces pendant que d’autres tâtonnent et sont hésitants quant aux prescriptions. Chacun doit alors prendre conscience de soi, s’il a une conscience. Il nous a été donné de voir des médecins en cabinet délivrer de longues ordonnances à des enfants chez qui ils ont diagnostiqué une allergie alors qu’ils n’avaient qu’une rougeole. D’autres ont prescrit des injections de pénicilline qui ont failli tuer des enfants allergiques à la pénicilline. Continuer à exercer dans ces conditions c’est ne pas avoir conscience non seulement de soi mais de ses actes. C’est là que la pensée de Rabelais trouve sa pleine application. Cet écrivain réputé qui a vécu entre le 15ème et le 16ème siècle a dit : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Cette pensée est plus que d’actualité, et dans plusieurs millénaires, elle continuera d’être vraie. Quiconque possède la science ou ne la possède que partiellement, mais qui n’a aucune conscience de ses bienfaits et méfaits, est un danger pour tous. On peut citer à l’infini des métiers pratiqués pour le bien ou au détriment de la société.

Incontestablement on aime, un travail qu’on a choisi à vie
Ceci est une évidence, un travail qu’on a choisi comme gagne pain et qui nous aide à prendre conscience de soi, est un travail qu’on aime « Connais- toi, toi-même » est une citation pernicieuse de Socrate très répandue dans le monde, en réalité, contrairement à cette pensée, on ne peut se connaitre soi-même, mais par le travail et les autres Si on aime ce travail c’est parce qu’il répond à notre vocation et à nos prédispositions. Et dans ce cas, on le pratique avec amour et avec goût. Nul ne doute qu’il nous apportera beaucoup sur le plan des connaissances, habileté et savoir faire. Lorsqu’on considère son travail comme une école et qu’on l’aime, c’est qu’en retour, il nous sera d’une grande utilité toute notre vie. Les plus à plaindre sont ceux qui ne se sont pas choisi un travail à vie. Ils changent de travail ou de métier plusieurs fois et n’arrivent à se stabiliser dans un travail. C’est à leur sujet qu’on dit et répète le proverbe célèbre : « Pierre qui roule n’amasse pas mousse ». La mousse, c’est une plante grêle qui pousse sur les surfaces fixes qui font face au nord comme les arbres, les gouttières, les rochers. La mousse désigne l’expérience qu’on amasse au fil du temps lorsqu’on a pratiqué le même travail toute sa vie. On est prédisposé à le pratiquer dans le respect des normes. Par exemple, le métier de cordonnier est noble si on cherche avant tout à satisfaire la clientèle en lui faisant avoir le genre de souliers qu’il désire, la pointure exacte et la couleur voulue. En s’appliquant face à chaque client en vue d’une pleine satisfaction, l’artisan cordonnier affine son travail et en fignolant les chaussures, il se perfectionne malgré lui, et il en prend conscience comme il prend conscience de soi.

Avoir une haute idée du travail, c’est-à-dire du métier que l’on exerce
Le travail est à la fois un droit et un devoir. C’est un droit si on le voit sous l’angle d’un gagne pain, considérant que chacun a droit à la vie. Imaginez quelqu’un qui a une famille et qui ne travaille pas, c’est un véritable calvaire, compte tenu du fait qu’on n’a aucune perspective d’avenir. Dans le cas où quelqu’un trouve un travail qu’il s’est choisi, le travail devient un facteur d’épanouissement parce qu’il lui permet d’évoluer, de se mesurer à d’autres qui exercent le même travail, de s’améliorer en améliorant son rendement. En tant que gagne pain, on en prend soin du mieux qu’on peut et on prie Dieu qu’il nous le garde. Mais le travail est aussi un devoir et en tant que tel, il devient une valeur. Lorsqu’on occupe un poste de travail, on fait l’effort d’être compétent et performant en vue d’un meilleur rendement car le travail est fait au profit des autres. Et comme font les Japonais, on essaie de faire mieux que ses collègues qui exercent le même travail et la compétition ne consiste pas à casser ses semblables, mais à être plus performant qu’eux C’est une valeur dans la mesure où le travail permet de se mesurer aux autres et de connaitre ce qu’on vaut à l’échelle des valeurs.

Il y a des travails qui permettent de valoriser le métier et celui qui le pratiquent
Quand ils sont pratiqués par des spécialistes, certains métiers se valorisent tout en valorisant ceux qui les pratiquent, c’est le cas pour le corps médical et le corps enseignant. On a connu des enseignants algériens, surtout du primaire ou du secondaire qui ont fait des merveilles dans leur carrière. Ils ont fait réussir des enfants de pauvres qui se destinaient à devenir bergers ou fellahs. Les vrais et talentueux enseignants leur ont inculqués le goût de l’effort et du travail bien fait. Ces enseignants algériens des temps passés avaient le don de faire réussir des enfants qui avaient de réelles capacités. Ces enseignants, instituteurs de la vieille école étaient férus de pédagogie et avaient acquis le don de bien parler aux enfants doués qui les ont attentivement écoutés. L’instituteur aimait non seulement son travail, c’est-à-dire son métier, mais il faisait sentir à ses élèves qu’il les aimait et qu’il prenait bien conscience de soi et de ses responsabilités. Le travail d’enseignant exige beaucoup de qualités : avoir une conscience professionnelle, avoir un bon niveau de culture générale, être un bon pédagogue, savoir parler, l’éloquence étant un atout important. Le seul plaisir dont il se délecte toute sa vie, c’est de voir ses élèves réussir non pas seulement sur le plan scolaire, mais après sur le plan professionnel. Les élèves que les bons enseignants repèrent comme étant les meilleurs et qui font l’objet d’une attention soutenue de la part de l’enseignant conscient de ses responsabilités et de soi, réussissent partout où ils vont, a condition que tout s’obtienne au mérite. Lorsque vous discutez avec eux, ils vous citent les exploits qu’ils ont accomplis. Ils ont exercé dans les zones déshéritées, les villages de montagne où généralement, c’est le laisser aller qui prévaut, vu qu’il n’y a aucun contrôle. Il faut vraiment que l’instituteur veuille faire du bon travail. Et c’est là que ces messieurs ont crée une pépinière d’élèves merveilleux qui ont franchi les portes des collèges, des lycées et des universités d’antan où ils ont obtenu au mérite des diplôme de médecins, de professeurs. Ces enseignants leur ont inculqué le goût de l’effort, du mérite.

Nul doute que la conscience de soi s’acquiert par le travail
A condition que la personne ait opté pour ce travail par amour et qu’il le garde à vie. C’est de le cas de l’enseignant reste toute sa vie au service d’une cause noble, s’occuper des enfants humbles pour les aider à réussir. C’est ça qui fait la noblesse du métier, c’est le stade suprême de la conscience de soi. Comme le médecin d’une zone déshéritée, qui s’occupe bien de ses malades et qui n’hésite à aller voir à n’importe quelle heure de la nuit un malade qui appelle au secours. Et il en est de même de n’importe quelle profession pour celui qui l’accomplit honnêtement et non pour des raisons d’enrichissement personnel.

Boumediene Abed