des perspectives favorables sous réserve de profondes réformes

Le rapport du FMI de décembre 2023 sur l’économie algérienne

En ce mois de fin décembre 2023, l’Algérie est toujours à la recherche de son destin avec une transition inachevée. Toute politique de développement de 2024/2025/2030 n’aura de chance d’aboutir que si l’on tient compte à la fois des nouvelles mutations mondiales et des trajectoires du passé afin d’atténuer les tensions budgétaires et sociales, existant un lien dialectique entre sécurité et développement. Les défis qui attendent l’Algérie sont nombreux et complexes mais à sa portée du fait de ses importantes potentialités.Après une année 2020 marquée par une croissance négative l’Algérie a amélioré ses indicateurs financiers, ayant toutes les potentialités pour devenir un acteur actif au sein des espaces euro méditerranéens et africains, son espace naturel et avoir une croissance forte de 8/9% pour absorber le flux additionnel de demande d’emplois de 350.000/400.000/an qui s’ajoute au taux de chômage actuel d’environ 14% entre 2022/2023, Les réserves de change s’élèveront selon le gouvernement fin 2023 à 73 milliards de dollars et 82/83 milliards de dollars y compris les réserves d’or , 173 tonnes) et les DTS déposés au FMI et selon le FMI, l’Algérie est le pays Arabe le moins endetté en 2023, son taux d’endettement extérieur étant de 1.6% par rapport à son PIB.
Le rapport du FMI du 04 décembre 2023 dans ses conclusions à l’issue de sa mission du 3 au 14 décembre en Algérie, perspectives de l’économie algérienne sont « globalement favorables » à court terme avec une croissance solide de 4,2 % en 2023, avec un solde des transactions courantes de la balance des paiements qui devrait enregistrer un excédent pour la deuxième année consécutive et des réserves de change équivalant à 14 mois d’importations. Mais, l’inflation variant entre 9/10% pourrait demeurer élevée et la volatilité des prix des hydrocarbures pourrait avoir un impact sur la croissance et les recettes budgétaires et la persistance de déficits budgétaires « élevés » qui éroderait la marge de manœuvre budgétaire, provoquant un resserrement des contraintes de financement et une hausse de la dette publique qui serait passé de 54,7% du PIB en 2022 avec une projection de 55,61% pour fin 2023. Face au déficit budgétaire et aux pressions inflationnistes le rapport du Fonds Monétaire International préconisent une flexibilité du taux de change où le 14 décembre 2023 la cotation de la banque d’Algérie ( cotation officielle), l’euro s’échangeait à 145,03 DZD , le dollar américain à 134,42 DZD, le dollar canadien à 98,91 DZD et la livre sterling 168,47 DZD . et sur le marché parallèle l’euro s’échange à 236 dinars à la vente et 234 dinars à l’achat, s’orientant vers 240 dinars un euro, le dollar américain à 218 dinars à l’achat et 220 dinars à la vente, la livre sterling 262 dinars à l’achat et 265 dinars à la vente et le dollar canadien 156 dinars à l’achat et 158 dinars à la vente.
Par ailleurs, selon ce rapport, l’économie algérienne est hautement vulnérable aux effets du changement climatique, tel qu’illustré par les épisodes récents de sécheresse et cela s’accentuera entre 2025/2030
Les perspectives économiques de l’Algérie selon les rapports internationaux pourraient s’améliorer sous réserve de quatre conditions.
Premièrement, des efforts soutenus sont nécessaires pour améliorer l’environnement des affaires et attirer les investissements condition d’une croissance durable et faire baisser le taux de chômage où la performance et à la résilience de l’économie algérienne est tributaire de profondes réformes dont celles des institutions par une lutte contre la bureaucratie et la corruption, une politique des subventions ciblées intimement liée à l’intégration de la sphère informelle (renvoyant à la dualité de de la cotation du dinar) au sien de la sphère réelle supposant un système d’information fiable en temps réel ; la réforme du marché de l’emploi (une nouvelle politique de l’éducation fondée sur la qualité collant à l’environnement et améliorer le cadre de la recherche pour éviter l’exode des cerveaux ) ; la réforme du système financier dans toute sa composante ( banques, fiscalité, douane, domaine) et de l’épineux problème du foncier avec toutes utilités Deuxièmement, les facteurs géostratégiques et économiques mondiaux influent négativement du fait à la fois de l’évolution de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, de la résurgence des conflits au Moyen-Orient et de l’incertitude de la croissance de l’économie mondiale influent sur le cours des hydrocarbures dont l’Algérie dépend fortement car la majeure partie des exportations en devises, entre 2022/2023, plus de 98% avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour 65% en 2022, provient de cette rente avec des prix fluctuants qui échappent à la décision interne, soit à la hausse, soit à la baisse.
Troisièmement, l’Algérie pays semi-aride, l’économie algérienne dépend fortement d’ un retour à la normale de la pluviométrie après trois années de sécheresse, facteur lié aux impacts du réchauffement climatique avec des catastrophes naturelles qui font peser sur la croissance de l’agriculture et les tensions sur l’eau douce .
Quatrièmement, la maîtrise de l’inflation mais sous réserve que les précipitations pour améliorer l’agriculture se rétablissent et de la mise en œuvre de politiques monétaires et budgétaires prudentes, le déficit budgétaire source d’inflation où la loi de finances 2024 prévoit des recettes budgétaires d’environ 9105, milliards de dinars et des dépenses de 15 292 milliards de dinars soit un déficit budgétaire de 6187 milliards de dinars au cours de 37 dinars un dollar, 45,16 milliards de dollars contre 5.884,9 milliards de dinars pour 2023 , 42,95 milliards de dollars. Il y a lieu de projeter l’Algérie horizon 2025/2030, les tactiques pour paraphraser les militaires devant s’insérer au sein d’une planification stratégique existant un lien dialectique entre les enjeux mondiaux et au niveau interne entre le Sécuritaire, le Politique, l’Économique le Social et le Culturel.
Les enjeux actuels et futurs des réformes passent par une évaluation objective de la situation actuelle, une identification des acteurs internes et externes impliqués dans le processus des réformes, une analyse des stratégies développées ou qui risquent d’être développées par les acteurs hostiles et une série de contre-mesures à mettre en œuvre par les acteurs favorables et anticiper les risques d’échec. C’est que tout projet social est porté par des partis politiques, en fonction d’affinités idéologiques et économiques dont le but est d’améliorer la situation sociale des citoyens, de concilier efficacité économique avec une profonde justice sociale, mais loin du populisme , toute nation ne partageant que ce qu’elle a préalablement produit. Pour la réussite des réformes ,condition d’un développement durable, l’Algérie a besoin de nouvelles intermédiations politiques, sociales et économiques loin des aléas de la rente, Pour cela s’impose un regard critique et juste sur sa situation, sur ce qui a déjà été accompli de 1963 à 2023, et de ce qu’il s’agit d’accomplir entre 20242025/2030 au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’une même ambition et d’une même espérance, la Sécurité nationale et le développement économique et social du pays.
Abderrahmane Mebtoul
Pr des Universités
Docteur d’Etat