Les journalistes palestiniens dans le viseur de l’armée d’occupation

Ghaza

Avec la mort en martyrs dimanche de deux journalistes dans la bande de Ghaza, la situation est devenue de plus en plus catastrophique et dangereuse pour les reporters dans l’enclave palestinienne, où l’entité sioniste tente en vain d’obscurcir la vérité à propos de son agression barbare qui se poursuit depuis le 7 octobre dernier. Moustafa Thuraya, travaillant avec l’AFP, et Hamza Waël Al-Dahdouh, journaliste de la chaîne Al-Jazeera, ont été tués dimanche dans des attaques sionistes dans la bande de Ghaza, portant le bilan des martyrs au sein de la corporation à 109, selon les autorités palestiniennes. Ces journalistes se trouvaient à bord de leur voiture au moment de l’attaque. Hamza était le fils aîné de Waël Al-Dahdouh, célèbre journaliste palestinien travaillant aussi pour Al-Jazeera et qui avait déjà perdu sa femme et deux de ses enfants dans un raid au début de l’agression sioniste.
Lors des funérailles de son fils, Waël Al-Dahdouh a appelé «le monde entier à mettre un terme à cette tuerie qui s’en prend aux journalistes les uns après les autres». Le correspondant d’Al-Jazeera conclut en disant : «Quoi qu’il en soit, malgré ce coût, nous poursuivons cette mission humanitaire garantie par le droit international, et c’est un devoir que nous remplissons».
De son côté, le bureau des médias à Ghaza a dénoncé «dans les termes les plus forts ce crime odieux» commis par l’armée d’occupation contre les journalistes.
L’entité sioniste vise à «intimider les journalistes dans une tentative infructueuse d’obscurcir la vérité et d’empêcher la couverture médiatique», a ajouté le bureau, exhortant «tous les syndicats de la presse, les organisations des droits de l’Homme et les organismes juridiques à condamner ces crimes commis par l’occupation». Il a également appelé la communauté internationale à «œuvrer pour la fin de la guerre génocidaire contre notre peuple sans défense dans la bande de Ghaza». Pour sa part, la Rapporteuse spéciale des Nations unies, Irene Khan, a souligné le fait que l’entité sioniste violait les lois internationales à Ghaza, insistant qu’il «existait désormais de nombreuses preuves et informations fiables sur ses crimes» dans l’enclave palestinienne. Elle a appelé les responsables des Nations unies à prendre des mesures pour faire pression sur l’entité sioniste afin qu’elle cesse ses attaques sur la bande de Ghaza. «Tant que les bombardements continueront à Ghaza, les journalistes continueront de vivre dans une situation dangereuse», a averti Mme Khan, ajoutant que l’occupant «n’a pas respecté les droits humains fondamentaux et le droit des journalistes à accomplir leur mission».

«Eradication du journalisme» à Ghaza
Au regard du refus de l’entité sioniste de prendre en compte les appels à la protection des journalistes sur place, Reporters sans frontières (RSF), qui avait auparavant alerté sur «une éradication du journalisme» à Ghaza, a appelé, dimanche, à l’ouverture aux journalistes du poste-frontières de Rafah.
Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, a déclaré sur la plateforme X être «sous le choc» après l’assassinat des deux journalistes à Ghaza. Dans un communiqué publié sur son site samedi, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a déclaré enquêter sur tous les rapports faisant état de journalistes et de professionnels des médias tués, blessés ou portés disparus pendant l’agression sioniste, ce qui a conduit à la période la plus meurtrière pour les journalistes depuis que le CPJ a commencé à recueillir des données en 1992.
Selon le comité, les journalistes de Ghaza sont confrontés à des risques particulièrement?élevés lorsqu’ils tentent de couvrir l’agression en cours, notamment face aux frappes dévastatrices, les communications interrompues, les pénuries d’approvisionnement et les pannes d’électricité importantes. Le CPJ enquête également sur de nombreuses informations faisant état d’autres journalistes tués, disparus, détenus, blessés ou menacés, ainsi que de dommages causés aux bureaux des médias et aux maisons des journalistes. «Le CPJ souligne que les journalistes sont des civils qui accomplissent un travail important en temps de crise et ne doivent pas être la cible des parties belligérantes», a déclaré Sherif Mansour, coordinateur du programme Moyen-Orient u CPJ. «Les journalistes de toute la région font de grands sacrifices pour couvrir ce conflit déchirant. Ceux de Ghaza, en particulier, ont payé et continuent de payer un tribut sans précédent et sont confrontés à des menaces exponentielles. Beaucoup ont perdu leurs collègues, leurs familles et leurs installations médiatiques», a-t-il souligné.
APS