Indicateurs financiers de l’économie algérienne, taux de croissance, inflation, cotation du dinar, réserves de change 2001/2023 et les perspectives

Economie

L’objet de cette présente contribution est d’exposer à partir des données officielles tant nationales qu’internationales en synthèse, l’évolution des indicateurs macro- financiers de l’Algérie de 2001 au 31/12/2023 et de tracer les perspectives, l’Algérie ayant d’importantes potentialités.
Pour l’instant, aucun bilan n’a été révélé sur le montant de la sphère informelle que l’on a pu intégrer, sinon que selon l’ABEF jusqu’au 31 décembre 2022, plus de 594 milliards de dinars (presque 4 milliards d’euros) ont été collectés par les banques algériennes dans le cadre de la finance islamique. Cinquièmement, beaucoup d’Algériens et d’étrangers utilisent le marché parallèle pour le transfert de devises, puisque chaque algérien a droit à 7200 euros par voyage transféré, utilisant leurs employés algériens pour augmenter le montant, assistant certainement, du fait de la méfiance, à une importante fuite de capitaux de ceux qui possèdent de grosses fortunes. Sixièmement pour se prémunir contre l’inflation, et donc la détérioration du dinar algérien, l’Algérien est en train de déthésauriser accroissant la masse monétaire en circulation et septièmement, pour lutter contre l’inflation et donc la dépréciation de leurs actifs, les ménages placent leur capital-argent dans l’immobilier, des biens durables à forte demande comme les pièces détachées facilement stockables, l’achat d’or ou de devises fortes.

3. Quelles perspectives pour l’économie algérienne ?
Le pouvoir d’achat des citoyens est fonction de la création de la valeur ajoutée interne qui contribue à la stabilité du dinar mais également celle du dollar par rapport à l’euro. Si la valeur du dollar US augmente par rapport à celle de l’euro, la capacité d’importation de l’Algérie augmente, et si la valeur du dollar US baisse, le pouvoir d’achat des recettes d’exportations se réduit. Cependant, il y a lieu d’éviter l’illusion monétaire car la monnaie est avant tout un rapport social, traduisant le rapport confiance Etat/citoyens, étant un signe permettant les échanges ne créant pas de richesses. Au contraire, la thésaurisation et la spéculation dans les valeurs refuges comme l’or, certaines devises ou certaines matières premières sont nocifs à toute économie. Il est démontré que n’existe pas de corrélation entre les pays les plus riches et le niveau des réserves de change et que ce ne sont pas les pays qui ont une balance commerciale équilibrée ou excédentaire qui connaissent un taux de croissance élevé. La richesse de toute nation provient de la bonne gouvernance, d’un afflux important de l’investissement national et étranger créateur de valeur ajoutée reposant sur le travail et l’intelligence et aucun pays ne s’est développé grâce aux mythes des matières premières. Après avoir épuisé ses stocks d’or, avec la découverte de Christophe Colomb, l’Espagne a périclité pendant plusieurs siècles et le régime roumain communiste avait des réserves de change grâce à des restrictions drastiques des importations mais une économie en ruine. Aussi, les mesures de la loi de finances 2024 près de 46 milliards de dollars de déficit budgétaire, ne doivent pas accroître l’inflation et donc le niveau du pouvoir d’achat car tout déficit budgétaire accroit l’inflation et c’est une loi universelle.
Outre les factures d’électricité et d’eau, du loyer, on peut se demander comment un ménage qui gagne entre 30.000 et 50.000 DA peut survivre, s’il vit seul, en dehors de la cellule familiale qui, par le passé, grâce au revenu familial, servait de tampon social ? Mais attention à la vision populiste : doubler les salaires sans contrepartie productive entraînerait une dérive inflationniste, un taux supérieur à 20% qui pénaliserait les couches les plus défavorisées, l’inflation jouant comme redistribution au profit des revenus spéculatifs. D’où l’importance de la rationalisation des choix budgétaires où l’Etat doit donner l’exemple en réduisant son train de vie. On ne décrète pas la création d’entreprises facteur de création d’emplois, ne devant pas confondre le tout-Etat avec l’importance de l’Etat régulateur stratégique en économie de marché, devant tenir tenant compte de l’innovation destructrice, en ce monde turbulent et instable pour reprendre l’expression du grand économiste Joseph Schumpeter. Aussi, pour un développement durable, s’impose pour l’Algérie la concrétisation des réformes institutionnelles et économiques, nécessitant une mobilisation générale, un large front national tenant compte des différentes sensibilités et un discours de vérité pour un sacrifice partagé.
La nouvelle politique économique en Algérie doit s’articuler autour de trois axes directeurs : Premièrement, la forte croissance peut revenir, mais cela suppose la conjugaison de différents facteurs, une population active dynamique, un savoir, le goût du risque et des innovations technologiques sans cesse actualisés, le combat contre toute forme de monopole néfaste, une concurrence efficace, un système financier rénové capable d’attirer du capital et une ouverture à l’étranger.
Retarder les réformes ne peut que conduire à l’appauvrissement une perte de confiance en où l’Algérie n’aura plus les moyens de préparer ces réformes et vivra sous l’emprise de la peur, voyant partout des menaces où les autres voient des chances.
Deuxièmement, la majorité des Algériens, doivent savoir que l’avenir de l’emploi et de leur pouvoir d’achat n’est plus dans la fonction publique, et que celui des entreprises n’est plus dans les subventions à répétition. L’essentiel de l’action est entre les mains des Algériens, qui devront vouloir le changement et partager une envie d’avenir, d’apprendre davantage, de s’adapter, de travailler plus et mieux, de créer, de partager, d’oser. La nature du pouvoir doit également changer supposant une refonte progressive de l’Etat par une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux, impliquant qu’il passe de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, conciliant les coûts sociaux et les coûts privés étant le cœur de la conscience collective, par une gestion plus saine de ses différentes structures. Troisièmement, l’Algérie en ce mois de janvier 2024, a de larges manouvres pour réaliser une transition hors rente dans le cadre des valeurs internationales. Pour s’inscrire dans la croissance mondiale, l’Algérie doit rénover sa gouvernance et mettre en place une véritable économie de la connaissance, entre 2025/2030/2035 l’intelligence artificielle risque de bouleverser la structure des emplois traditionnels qui risquent de disparaître à plus de 70%. d’où l’urgence une profonde réforme de l’éducation du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle. Il s’agira de développer le savoir de tous, de l’informatique au travail en équipe, de l’arabe, du français, du chinois à l’anglais, du primaire au supérieur, de la crèche à la recherche. Il faut éviter une erreur fondamentale dans la politique éducative d’un pays, vision de court terme en privilégiant uniquement la recherche appliquée, la recherche théorique étant le fondement de l’innovation. Aussi, malgré un endettement faible 1,6% environ du PIB et des réserves de change appréciables, le caractère social de l’Etat ne doit pas reposer sur la rente des hydrocarbures et des versements de salaires ou de subventions sans contreparties productives mais sur le travail et l’intelligence en conciliant l’efficacité économique et une profonde justice sociale pour la nécessaire cohésion sociale à laquelle je suis profondément attachée.
Abderrahmane Mebtoul
Pr des Universités
Expert international
(Suite et fin)