Le monoxyde de carbone poursuit sa vague d’intoxication

380 victimes en trois ans malgré les opérations dissuasives

Le bilan des personnes décédées intoxiquées par le monoxyde de carbone a augmenté en février passé, après l’enregistrement de 13 nouveaux cas au niveau du territoire national passant, ainsi, à 95 morts depuis le début du mois d’octobre 2023, selon un bilan dévoilé, hier, par le Lieutenant Youcef Abdat, le chargé de communication au sein de la Direction générale de la Protection civile (DGPC). Depuis 2021 et jusqu’au mois de février 2024, 381 victimes par le monoxyde de carbone ont été malheureusement dénombrées par la Protection civile.

Les mesures urgentes apportées par l’État pour faire diminuer le nombre des personnes décédées intoxiquées par le monoxyde de carbone Co émanant des chauffages et chauffe-bains n’ont pas atteints leur objectif, puisque le taux de la mortalité entraîné par le tueur silencieux est en crescendo. En 2021, 75 personnes avaient péris à cause du monoxyde de carbone, en 2022, le nombre avait atteint la barre des 105 morts avant de constater, en 2023, une forte augmentation dans le nombre des décès atteignant les 156 cas.
Entre janvier et février 2024, 45 personnes sont mortes dans les mêmes conditions, elles ont été toutes étouffées et étranglées par le monoxyde de carbone Co causé par des appareils, souvent défaillants, de chauffages et de chauffe-bains. Depuis le début de l’année 2021 et jusqu’au mois de février 2024, la barre des 380 morts intoxiqués par le monoxyde de carbone a été franchie.
Déclarant, hier à l’APS, le bilan des décès par le monoxyde de carbone, le Lieutenant de la Protection civile, en l’occurrence Youcef Abdat a fait état d’un rebondissement de la situation, il a révélé le décès de 13 nouvelles personnes intoxiquées par le monoxyde de carbone durant la période allant du 22 février au 7 mars dernier, portant ainsi le nombre total des morts à 95 cas durant ces cinq derniers mois. Face à cette situation inquiétante, le chargé de Communication à la DGPC a indiqué que les services de la Protection mènent, depuis des mois, des campagnes de sensibilisation à travers l’ensemble du territoire national pour donner des conseils et des orientations nécessaires aux citoyens contre «le tueur silencieux», tout en leur inculquant la culture préventive et l’importance de suivre les règles de protection et de respect des normes de sécurité afin d’éviter les dangers liés à ce type d’accidents domestiques.

45 victimes au monoxyde de carbone entre janvier et février
Les cas d’asphyxie domestiques au monoxyde de carbone constatés par la Direction générale de la Protection civile (DGPC) ont causé, depuis le début de l’année 2024, 45 victimes et plus de 700 personnes intoxiquées sauvées de justesse d’une mort certaine. Le premier bilan établi par la Direction générale de la Protection civile au premier mois de l’année 2024, voire en janvier passé, concernant les émanations de monoxyde de carbone avait fait état du décès de 32 personnes et 441 autres secourues d’une mort certaine, suite à des intoxications par le gaz de ville échappées des tuyaux de raccordement des appareils de chauffages et chauffe-bains. Ce premier bilan dévoilé il y a un mois par les services de Communication relevant de la DGPC a grimpé durant le mois de février dernier, puisque durant cette période précise, 13 nouvelles victimes ont été déplorées par les mêmes services, portant le nombre total à 45 décès en deux mois (janvier et février
passés). A la fin du mois de janvier 2024, et dans un communiqué officiel rendu public par la DGPC, cette dernière a déploré de nombreux cas d’asphyxie au monoxyde de carbone au niveau du territoire national. Ainsi, il avait été rapporté, à travers le bilan de la Direction générale des sapeurs-pompiers, qu’une moyenne d’un décès et près de quinze personnes asphyxiées au monoxyde de carbone avait été constatée durant le mois de janvier 2024. Au total la DGPC avait fait état du décès de 32 personnes par le monoxyde de carbone durant janvier 2024 et des intoxications à plus de 440 personnes. Emportant une famille composée de six membres à Sétif, le monoxyde de carbone avait causé, également et durant janvier 2024, la mort d’une femme âgée de 42 ans, décédée dans la commune d’Ain Azel relevant de la wilaya de Sétif, cette dernière avait été intoxiquée par le gaz de ville, suite à une fuite d’un tuyau de raccordement, avait précisé la DGPC à travers sa présentation du bilan mensuel. Faisant aussi part du bilan de la Protection civile, la wilaya de M’sila est la ville la plus endeuillée par les affres du monoxyde de carbone, cette dernière avait enregistré huit cas de décès durant le mois de janvier passé, suivie par la wilaya de Constantine, où quatre victimes avaient été dénombrées durant la période considérée, tandis que trois autres victimes par le gaz de ville avaient succombé dans la wilaya de Batna au cours de la même période. Parlons de la wilaya de Batna et en date du 30 décembre dernier, six personnes d’une même famille résidant à la commune de Teniet El-Abed, avaient trouvé la mort dans les mêmes circonstances, elle avait été asphyxiée au monoxyde de carbone, faut-il le rappeler. A chaque saison de l’hiver, le nombre des morts par le monoxyde de carbone connaît une recrudescence sensible, une période de l’année où les services de la
Protection civile multiplient les campagnes de sensibilisation et de prévention à travers l’ensemble des wilayas du pays pour réduire les risques et dangers liés aux gaz combustibles.

Le tueur silencieux poursuit sa vague d’intoxication malgré les nombreuses opérations anticipatives
Le 2 décembre 2023, le Groupe Sonelgaz avait rendu public un communiqué officiel dans lequel la Société nationale de l’électricité et du gaz avait annoncé l’entrée en vigueur de la deuxième phase de la grande opération d’installation, à titre gracieux, des détecteurs de monoxyde de carbone dans chaque foyer et au niveau national comme l’avait recommandé auparavant le Président Tebboune. Un mois après, la Direction générale du contrôle économique et de la répression des fraudes au niveau du ministère du Commerce avait, à son tour, annoncé le retrait de 10.000 détecteurs de monoxyde de carbone défaillants sur le marché national. Mais malgré toutes ces opérations anticipatives et dissuasives, le nombre des victimes du tueur silencieux continuent à tomber l’une après l’autre. Depuis le début de la saison d’hiver, le nombre des victimes intoxiquées par le monoxyde de carbone n’a pas cessé de grimper, nous y sommes à plus de 55 victimes, dont 45 personnes décédées rien qu’entre janvier et février 2024. Il ne se passe pas un jour sans que de nouveaux cas d’asphyxie de personnes ne soient signalés, voire déplorés par la Direction générale de la Protection civile et ce, à travers des bulletins d’information quotidiens. Le tueur silencieux qui se dégage depuis des chauffes-bains ou encore des chauffages mal entretenus ou carrément défaillants, sinon des détecteurs de monoxyde de carbone non-conformes à l’utilisation, avait fait de nouvelles victimes. Cela arrive au moment où la Direction générale du contrôle économique et de la répression des fraudes au niveau du ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, avait procédé, il y a quelques semaines seulement, au retrait de plus de 10.000 détecteurs de monoxyde de carbone non-conformes aux normes de sécurité sur le marché national. Une opération de grande envergure dont l’objectif est d’anticiper et prévenir à la fois de nouveaux drames dans les foyers et sauver des vies potentielles.
Invité à s’exprimer sur le phénomène mortel du monoxyde de carbone, le directeur général du Contrôle économique et de la répression des fraudes auprès du ministère du Commerce, en l’occurrence Mohamed Mezghache avait indiqué, il y a quelques semaines par la Radio algérienne, que dans le cadre de la préservation de la sécurité des citoyens, le ministère «a retiré du marché national, depuis le début de la saison hivernale, plus de 10.000 détecteurs de monoxyde de carbone représentant 13 marques d’appareils de chauffage, non- conformes aux normes de sécurité. «Cette opération est menée par les agents de contrôle au niveau de toutes les directions du Commerce et de la Promotion des exportations, après avoir effectué des tests au niveau de leurs laboratoires de contrôle de qualité, ayant révélé la non-conformité de certaines marques aux normes de sécurité en vigueur», avait observé le représentant du ministère du Commerce. En face, le Groupe Sonelgaz qui est chargée, voilà un an déjà, par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune de procéder à l’installation de deux détecteurs de monoxyde de carbone dans chaque foyer et au niveau national, ce plan d’opération de grande envergure n’a toujours pas abouti à sa fin, «il est à sa seconde phase, après l’achèvement de la première opération aux niveaux de 21 wilayas des Hauts-Plateaux», avait annoncé, le 2 décembre 2023, la Société nationale de l’électricité et du gaz à travers un communiqué. «En application des instructions des hautes autorités du pays, visant à réduire les accidents d’asphyxie par le monoxyde de carbone, Sonelgaz entame la deuxième phase de l’opération d’approvisionnement à titre gracieux des foyers en détecteurs de monoxyde de carbone, qui touchera cette fois toutes les wilayas du pays», avait précisé la même source, rappelant que la première étape, lancée en avril 2023 avait concerné 21 wilayas des Hauts-Plateaux. Cette opération, conduite par les services de la société, consiste à «doter et à équiper de deux détecteurs de monoxyde de carbone chaque foyer et à titre gracieux, et ce, après l’inspection des installations intérieures du client, en vue de vérifier leur conformité aux standards de sécurité, selon un programme qui sera communiqué à travers les affiches dans les quartiers concernés et les différents moyens de communication disponibles», avait souligné le Groupe Sonelgaz le 2 décembre 2023.
En attendant l’installation complète des détecteurs au niveau de chaque foyer, le monoxyde de carbone poursuit sa vague d’intoxication qui engendre, chaque jour, davantage de victimes à travers le pays.
Sofiane Abi