Omicron en pleine quatrième vague

Premier cas détecté en Algérie

Ce qui devait arriver arriva. Le relâchement de la population durant de longs mois a fini par produire ce que les scientifiques et médecins le redoutaient avant. Nous sommes en pleine quatrième vague, a déclaré hier le professeur Rachid Belhadj. Pire encore, l’Institut Pasteur a annoncé hier le premier cas positif du variant Omicron sur le territoire national. Il s’agit d’un ressortissant étranger arrivé en Algérie le 10 décembre.
Cette nouvelle inquiétante est tombée hier en fin de journée pour confirmer encore une fois la gravité de la situation sanitaire, déjà très affectée par les anciens variants, notamment le Delta. Avec l’arrivée d’Omicron qui, selon les scientifiques, se propage plus rapidement, la situation ne pourra être qu’alarmante d’autant plus que pas plus tard que la matinée d’hier, le professeur Rachid Belhadj confirmait que le pays est «en pleine 4e Vague» du Covid-19.
Annonçant la triste nouvelle sur les ondes de la Radio nationale de la Chaîne III, le Professeur Rachid Belhadj, chef de service médecine légale au CHU Mustapha Pacha, a appelé les autorités sanitaires à agir rapidement en imposant désormais le «pass sanitaire» dans un but précis, celui de faire augmenter le taux de vaccination parmi la population et le retour aux mesures de confinement.
Fort heureusement qu’à côté de cette mauvaise nouvelle, il y a une autre, la bonne, car, dira le Professeur Belhadj, «cette quatrième vague est beaucoup moins grave que la troisième qui a été la plus meurtrière». Mais cela n’empêche pas, dit-il, de passer aux mesures plus strictes. Selon lui,
«les vagues précédentes de cette pandémie nous ont permis d’enrichir nos expériences, notamment l’amélioration du diagnostic et la prise en charge des patients atteints du Covid-19.
Nous avons acquis aussi une expérience de la gestion de ces crises et nous avons tiré les enseignements notamment dans la gestion du personnel et des moyens», rassure-t-il.
Au niveau des moyens humains et matériels, l’invité de la Chaîne III est moins consolant car le chef de service médecine légale reconnaît «qu’il reste une insuffisance pour les lits de réanimation», tout en ajoutant que «le problème ne se situe pas dans l’infrastructure ou l’équipement, mais dans la ressource humaine. Il y a un épuisement de la ressource humaine qui doit être mobilisée 24h sur 24h en réanimation».
Et pour faire face à cette problématique, le spécialiste a conseillé de «développer une stratégie de la valorisation et de la formation de la ressource humaine de la santé». Mobilisé au premier jour depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19 au pays, soit depuis mars 2020, le personnel de santé est grandement fatigué et peine à tenir le rythme. «Nous constatons un relâchement surtout la nuit, où le nombre de décès et de complications est plus élevé par rapport à la journée», relève le Professeur Belhadj. En d’autres termes, «95% des patients atteints par la Covid-19 qui développent des formes graves et qui sont en réanimation ne sont pas vaccinés.
En revanche, les patients vaccinés et qui ont été contaminés durant cette vague ont développé des formes mineures», explique encore mieux le Professeur Belhadj. La seule conclusion tirée par les observateurs du terrain en matière de prévention du Covid-19 et la maîtrise de cette pandémie repose sur la vaccination, «C’est une preuve scientifique de l’efficacité des vaccins», tient à faire signaler ledit Professeur. D’après lui, «les leçons à tirer sur les 18 mois passés c’est que le schéma s’est répété à chaque fois, c’est-à-dire, ceux qui ne sont pas vaccinés s’exposent à une mort certaine, exposent leurs proches et contaminent en milieu professionnel», explique le spécialiste, tout en regrettant sur «le gâchis en termes d’arrêts de travail constaté dans tous les secteurs».
La solution qui s’impose aujourd’hui face à cette menace biologique mortelle est «la mise en place du pass sanitaire, accompagné d’une stratégie de communication, de prévention et de contrôle, pour ne pas pénaliser la partie de la population qui est vaccinée et qui a compris les dangers de cette pandémie, par de nouvelles mesures de confinement», persiste et signe le responsable au CHU Mustapha Pacha.
Pis, le spécialiste a regretté aussi les fausses informations qui ont percuté en plein fouet le comportement de la majorité de la population y compris dans la corporation même par rapport à la vaccination conduisant aujourd’hui à un faible taux. Ne baissant pas les bras, le Professeur a appelé la population et particulièrement le monde médical à ne pas se laisser influencer. «Il ne s’agit pas de dramatiser la situation, le Covid-19 fait moins de victimes que d’autres pathologies, mais il faut apprendre à vivre avec», telle est la conclusion finale du Professeur Belhadj.
Sofiane Abi