Ne m’en voulez pas, le rêve est gratuit

Culture

Préambule
Peut-on dire que ce que j’écris dans ce texte est une véritable pièce de théâtre, classique, selon les normes requises dans ce genre de littérature ? Le lecteur sera seul juge. En tout cas, si elle n’en est pas une, j’aurai le mérite d’avoir essayé. Mon intention est de présenter quelque chose qui se tient, sur le plan du contenu, c’est-à-dire du message que je veux transmettre. Mon autre intention est de présenter quelque chose qui arrive à ce même lecteur dans un style accessible, facile à parcourir, afin qu’il ne puisse s’embarrasser de trop d’élocutions pour lesquelles il lui faudrait trimballer une encyclopédie de langue et de grammaire, pour en comprendre le sens et la dimension de cette tragédie qui se joue, hélas, sous nos yeux. Ce serait, de ma part, une marque d’égoïsme et une manifestation de pédanterie, que je ne devrais jamais afficher, eu égard à ce que je souhaite léguer à la jeunesse, surtout.

Un sultan, dictateur et non moins cynique, voyant les riches sujets de son royaume – des sujets on ne peut plus vils et faibles –, s’enrichir rapidement et démesurément, les convoqua sur la grande place et leur ordonna de lui ramener, le lendemain, tous les jeunes de seize ans, pieds et poings liés, comme preuves de leur fidélité à sa seigneurie. Il voulait les éprouver et voir où devait les mener leur bassesse. Mais ces sujets allaient faire plus que n’espérait le souverain. Effectivement, le lendemain, tous ont comparu devant lui, avec les têtes de leurs progénitures sur des plateaux. Ahuri, le souverain n’en croyait pas ses yeux. Il leur demanda plus, pour voir où devait s’arrêter leur infamie et leur veulerie. Il s’imagina quelque chose qui pouvait les révolter et les inciter à lui opposer un refus systématique, de ces hommes ayant l’honneur de la tribu. Il leur ordonna, de revenir le jour suivant, leurs mères les traînant au bout d’une corde. Ils firent mieux… les têtes de leurs génitrices étaient sur des plateaux, comme ce fut le cas pour leurs enfants, qu’ils exhibaient ostensiblement à la vue du sultan. Fou de rage, à cause de cette périlleuse profanation de la chose sacrée, ce dernier poussa encore son cynisme jusqu’à leur demander de se préparer, immédiatement, à être tous pendus, haut et court, sur cette place publique.
Personne ne dit mot. Tous ont accepté, sans renâcler, cette sentence sauf un, un seul dans ce monde «mirifique» qui leva très haut sa main. Enfin, se disait le souverain, il y a quand même dans ce tas de fumier un brave qui a le courage de me défier, en me jetant à la figure ce qu’il pense de ma gouvernance. «Parle, lui dit-il, je t’écoute». «Sire, répondit le «révolté», en comparaison de cette masse silencieuse et consentante, je voudrais savoir tout simplement, est-ce que c’est vous qui allez nous fournir la corde ou est-ce que c’est nous qui allons l’apporter». A ces mots, le sultan hurla de toutes ses forces : «Disparaissez tous de ma vue, vous n’êtes que des lâches, des charognes qu’aucun animal ne pourrait approcher. Vous êtes les pires représentants d’une société malade, fortement malade. Vous puez le mal et la fausseté. Vous pataugez dans la honte. Vous traînez derrière vous la malédiction et le blasphème jusqu’au jour du jugement dernier. Quant à moi, je ne peux supporter un monde comme le vôtre… Vous êtes trop effrontés, insolents, obscènes et choquants pour que je continue à vous gouverner. Je pensais avoir à faire à une société qui pourrait se redresser un jour pour dire le mot juste là où il faut. Je me suis trompé ! Là, je me retrouve, après tant d’années d’espoir de vous voir devenir honnêtes, logiques, droits, justes, cléments et compréhensifs, face à des gens qui ne peuvent même pas revendiquer ce qu’il y a de plus sacré dans la première cellule de la société : la défense de la famille. Comment demain, pourriez-vous défendre le pays ? Partez, vous ne méritez même pas la mort qui vous sera une délivrance !».
Cette histoire est à méditer ! «Oui, faqou… faqou bikoum !» Parce qu’avec vous, nous nous retrouverons, d’ici peu, en face d’une société pareille à celle de la fable, si vous persistez dans vos comportements funestes, et si, de notre côté, nous n’allons pas bouger pour vous débusquer et vous faire descendre de vos socles où vous pensez être solidement attachés, comme certains, parmi nos grands chefs, qui l’ont appris à leurs dépens. Oui, nous nous retrouverons, pour notre malheur, face à une autre société, en tout cas pas celle dont nous avons rêvée après l’indépendance, celle qui est propre, honnête, engagée, dévouée, pleine d’amour pour son pays, pareille à celle qui nous a libéré du joug colonialiste. Les jeunes savent aujourd’hui, plus qu’auparavant, que malgré vos fortunes, vous ne serez jamais ceux qui pourront demain les troubler par le savoir-faire, le savoir-vivre ou le savoir, tout court… parce que vous n’avez même pas un atome de ce savoir. Et tout simplement parce que vous n’en posséderez jamais avec votre voracité pour les «choses» éphémères de la vie, les affaires scabreuses, la luxure démesurée et le profit illégal, qui ne vous laissent guère ce temps pour vous instruire et vous donner les moyens pour développer vos sentiments et déclarer vos positions ! Vous êtes là, à la tête de fortunes et de situations florissantes, grâce à des pratiques dégradantes que nous ne saurons approcher ni même agréer.
«Oui, faqou bikoum !» Et depuis longtemps ! Du temps où les parents donnaient à leurs enfants le bel exemple de l’honnêteté, les meilleures destinations pour se doter de courage et les nécessaires orientations pour s’armer de raison et de sérieux. Depuis ce temps où nous nous sentions épaulés par des tuteurs qui possédaient non seulement la science de savoir nous instruire et nous éduquer mais aussi la sagesse de nous montrer le vrai chemin de la droiture et de la réussite. Dans cette ambiance de confiance et de croyance en les plus belles qualités de l’être humain, le père d’un de mes amis nous disait, quand nous nous rassemblions chez lui, parlant d’un sinistre parangon d’indécence, représentant votre communauté de «profiteurs exploiteurs usurpateurs» : «D’où lui viennent ces moutons, d’où lui viennent ces brebis, d’où lui vient ce savoir ? Pourtant… il n’était pas brillant !». Quelle sagesse chez nos parents ! Quelle simplicité dans l’analyse ! Rien ne pouvait les séduire, rien ne pouvait les tromper, rien ne pouvait les éblouir et les égarer… tout leur était simple : un plus un, égale deux. Ils ne pouvaient souffrir qu’une quelconque personne, connue depuis peu pour son indigence matérielle et intellectuelle, pour ses pratiques scabreuses, soit comptée parmi ces fortunés opulents, grossiers et arrogants, sans qu’elle ne produise des efforts demandés pour ce genre d’«acquis» prodigieux et surprenants, qui ont été capitalisés rapidement.
Nos parents admettent la richesse des riches, ils admettent également qu’il y ait des pauvres, c’est la loi de la nature, personne ne peut l’altérer. Mais ils savent aussi que le voleur restera toujours un voleur, car la malhonnêteté le poursuivra constamment et lui collera à la peau, comme une marque indélébile. Le monde est ainsi fait. Le bon citoyen du temps de la période antéislamique (La Djahilia) est un bon citoyen pendant la propagation de l’Islam, disait notre Prophète que le salut soit sur lui. C’est dire qu’on ne peut changer de comportement aussi facilement. «Oui, faqou bikoum !» Vous qui n’étiez rien, il y a quelques années. Vous, qui n’étiez que de simples petits maçons – disons de simples manœuvres –, trimballant votre truelle à la main, demandant, par ci par là, des menus travaux pour pouvoir subsister, vous vous trouvez quelques années après, par la grâce et la sollicitude de certains «Gros calibres» du régime, à la tête d’entreprises colossales et de fortunes «crésussiennes», fumant cigares, roulant carrosse et arrosant tout le monde, pour vaincre ce complexe de pauvreté qui vous hante et vous poursuit comme une ombre. Oui, vous n’étiez rien, il y a quelques années, tout le monde le sait et vous connaît.
Je continue… Je m’adresse à vous également qui n’étiez qu’un simple agent comptable… mais, à la faveur de ces «arrêts» de la politique politicienne, vous vous trouvez à la tête d’entreprise, pardon… à la tête d’«empire» où vos pareils, ailleurs, dans des pays qui se respectent et où le contrôle est efficient et effectif, mettraient un millénaire pour arriver à votre rang et à votre «puissance ?». Oui, absolument, vous n’étiez rien et puis, comme par enchantement, de parfait inconnu dans la société, et même dans votre environnement immédiat, vous vous voyez, en l’espace de quelques mois, projeté sous les feux de la rampe. Vous vous voyez déclarant par ci, déclarant par là, négociant avec les plus grandes multinationales, animant des cercles d’affaires où tous viennent non pour vous entendre et vous apprécier, mais pour se prosterner devant vous et tirer le maximum de profits et de «faveurs» que vous semez à tout vent. Vous vous plaisez dans ce rôle de richissime, défiant les plus grands parmi les «Grands», arrosant tous ceux qui se démènent pour vous composer des panégyriques et vous servir, brisant ceux qui essayent de vous tenir tête, jusqu’au moment où de plus «machiavéliques» que vous, ceux qui vous ont laissé construire votre empire – d’autres disent qui vous ont même aidé à l’édifier –, «vous tireront le tapis sous les pieds…».

Vous rentrerez dans une spirale de détresse et d’angoisse et le reste, nous le présageons tous… oui, nous le présageons tous et le considérons à sa juste valeur. Ne dit-on pas que : «Bien mal acquis ne profite jamais» ? «Oui, faqou bikoum !» En réalité, nous connaissons tout le monde aujourd’hui, même ceux qui, de leur poste de souveraineté, n’ont pas fait grand’chose pour le pays, malgré les moyens et les meilleures circonstances qui leur ont été offertes. Nous parlons présentement de tous ces cadres de notre administration et de ces dirigeants d’institutions qui ont eu les moyens et les recettes pour nous «épater» mais qui ne l’ont pas fait malheureusement, faute de militantisme, de compétence, d’esprit d’initiative, d’engagement et d’amour pour le pays. Ainsi, nous vous connaissons, parfaitement. Et, tout ce que nous avons dit, dans cette pièce de théâtre, pardon dans ce rêve, vous touche, vous aussi, au plus haut point car vous n’êtes pas différents des autres. Car si ceux que nous avons tancés vertement, sont des bouseux et des voleurs, à leur manière, vous aussi vous l’êtes à votre manière. Vous êtes tellement loin des véritables problèmes du pays que vous n’avez jamais essayé d’entendre la voix d’une jeunesse qui perçoit mal son avenir.
Le reste ? Eh bien, il vous est complètement différent ! Oui, il vous est complètement différent parce qu’il «consiste en la manière de prendre en charge les questions sociales en ouvrant un débat franc et direct avec les principaux concernés pour comprendre d’abord de quoi ils souffrent, et faire ensuite avec eux en sorte que les horizons soient moins invisibles». Cela, vous ne l’avez jamais fait et, vous connaissant, vous ne le ferez jamais… Cela est le cadet de vos soucis, car vous ne voulez pas entendre des réponses comme celles qui ont été enregistrées par de fougueux journalistes, quand ils ont posé la question aux jeunes : «Aimez-vous votre pays ?». Et vous, bien entendu, vous ne voulez pas vous entendre répliquer : «Notre pays, klah boubi !», «On ne mérite pas un aussi beau pays !» ou «Si je le pouvais, je partirais en Espagne» ou encore «Le nationalisme appartient à une autre époque». Parce que, tout simplement, les uns vivent leur citoyenneté comme une grâce, les autres comme une punition qu’on découvre tout au long d’un voyage à l’intérieur de notre conscience nationale.
Franchement, «n’est-il pas enviable de suivre à travers les médias étrangers le nombre de débats, pour ou contre telle ou telle autre politique de gestion de la crise, par respect du droit à l’information des citoyens ? N’est-il pas par ailleurs enviable de constater la rapidité des sondages auprès d’échantillons représentatifs de la population pour comprendre la position de l’opinion publique, qui a un poids important dans la poursuite d’une politique ?». Pour ce sujet précisément, j’ajouterai une autre question : «Est-il possible, ailleurs que chez nous, chez ces gens imbus de démocratie et maniant la langue de la vérité, de laisser passer des bévues du genre «tel fils de grands responsable a profité du statut de son père pour s’approprier telle ou telle affaire», sans déclencher les foudres du ciel contre l’enfant prodigue et le système, en même temps ?». Jamais ! Au grand jamais ! Ailleurs, pour si peu, le responsable est voué aux gémonies de la critique avant même d’être poursuivi officiellement par un tribunal qui ne connaît pas les termes «complaisance et indulgence» dans son vocabulaire.
Parce qu’ailleurs, les responsables qui savent ce que veut dire la gestion des affaires publiques, assurent leur crédibilité et protègent leur excellence et leur dignité dans le cadre des institutions qu’ils dirigent. «Oui, faqou bikoum !» Vous êtes responsables de plusieurs situations conflictuelles. Vous êtes responsables du délabrement, de la pauvreté, de la déchéance, de la dégradation, de la corruption, des vols, de la saleté, de la misère, bref, vous êtes responsables de cette impitoyable descente aux enfers qu’a connue le pays et qu’il connaît encore, malheureusement, à l’ombre d’un système qui n’a pas trouvé ses marques parce qu’il s’obstine à s’entourer d’hommes de bas niveaux, comme vous. Les pratiques bizarres et choquantes que vous avez introduites dans notre société n’ont pas manqué de s’incruster, petit à petit, chez les faibles, et s’étaler ensuite, pour les pervertir, chez ceux qui aspiraient au gain facile et à la vie en rose.

Vous avez fait des dégâts dans notre société, beaucoup de dégâts, ne serait-ce que par les mauvais exemples que vous avez laissés aux plus médiocres parmi les jeunes. Vous avez été de mauvais et détestables compagnons pendant ces années où le pouvoir se caractérisait par une démission honteuse et dégradante. Vous avez été à l’origine de ce grand fossé entre le discours et la réalité. Car la réalité sur le terrain est tout autre. Elle illustre, à travers les nombreux scandales qui ont éclaté au grand jour, l’impuissance des pouvoirs publics à concrétiser sur le terrain leur volonté politique à éradiquer le phénomène de la corruption, comme disait un journaliste courageux. Ainsi, à force de vous connaître… nous aussi «fouqna». Nous avons bien compris qu’il nous est impossible de vous croire ou de vous prendre pour des gens sérieux ou pour des amis. Nous avons deux itinéraires différents : le vôtre est diamétralement opposé au nôtre. Oui, notre itinéraire est difficile, parsemé d’embûches, car nous devenons très dangereux pour vous et pour les autres… ces autres qui nous gouvernent très mal et qui ne choisissent que des «soumis» et des «obséquieux» à des hauts postes pour mieux les gérer, les soudoyer et les commander. Mais avec nous, le danger réside dans notre honnêteté, dans notre compétence, dans notre sincérité et dans notre franchise, des qualités que vous ne pouvez avoir à cause de votre insatiabilité dans les sombres affaires et votre avidité de posséder toujours beaucoup d’argent.
De plus, vous avez ce que nous ne pouvons jamais avoir : «L’échine souple !» Parce que vous êtes des «sous-verge», un terme si cher à ce grand responsable des années soixante dix, dans notre pays qui gagnait, et nous avons ce que vous ne pouvez jamais avoir : notre courage de vous jeter «en pleine figure» l’expression de notre dégoût à cause de votre saleté et votre bassesse, parce qu’effectivement vous ne méritez aucun respect. «Nous aussi, fouqna…oui !». Nous n’allons pas rééditer «Octobre». Non ! Parce que vous n’allez pas nous lancer dans une autre aventure où nous serons les perdants, assurément et pire, les victimes, comme d’habitude. Parce que cette fois-ci notre soulèvement – et nous ne souhaitons pas qu’il se produise – ne sera pas un «chahut de gamins», mais une déflagration d’une magnitude telle que tout tombera comme un château de cartes. Oui, tout tombera, et les «chefs», et les masques et les modes de gestion flétris et périmés. De plus, nous n’allons pas faire le jeu des autres, le vôtre, ou de ces «commanditaires» qui sont toujours à l’abri d’un quelconque danger et qui manipulent dans l’ombre.
Nous n’allons pas faire votre jeu, vous qui écrasez «nos corps déjà fatigués parce qu’invisibles aux marcheurs que vous êtes vers l’inconnu… vous qui écrasez l’espoir d’enfants par trop de jeux incongrus qui laissent des blessures à force de les manipuler dans le sens inverse de leur sens». Nous n’allons plus servir de «main d’œuvre» ou carrément de «chair à canon» pour satisfaire des projets politiciens – les vôtres –, à travers «une dynamique de changement» – toujours la vôtre – où nous serons les seuls et uniques vaincus, pendant que vous et vos enfants jouissez de toute quiétude «ici» et surtout «là-bas». Nous n’allons plus vous suivre, jamais ! Nous n’allons plus répondre à vos sollicitations, et surtout à ce cri maudit et impur : «Armons-nous et partez !». Nous n’allons plus vous servir d’alibi et d’ailleurs vous ne risquerez pas de l’utiliser encore, du fait que les «dés sont jetés». Cette fois-ci vous partirez tout seuls vers vos caprices et vos fantasmes. Vous partirez tout seuls ou avec des gens de votre acabit pour recoudre ce que vous avez déchiré.
Nous, nous partirons vers une autre direction, autrement plus saine et plus profitable, celle des sciences et de l’élévation, celle qui nous sortira de la misère dans laquelle nous avons longtemps pataugé. Nous partirons vers des horizons plus sereins et plus intéressants par lesquels nous accéderons à notre promotion et à notre réussite. Oui, nous n’allons plus vous suivre, et attendre que vienne la résurrection des autres, de ces grands, ceux qui «demeurent figés par des luttes de pouvoir et passent maîtres dans une culture politique de négation, si bien que toute critique de leur gestion est comprise comme une attaque personnelle». Nous n’allons plus parler le langage inaudible des persifleurs et des hypocrites. En d’autres termes, nous n’allons plus nous attaquer à l’État, au pouvoir et au système – comme on nous l’a toujours appris – car nous avons compris que nous devrions aller vers l’essentiel. Non et non ! L’État, le pouvoir et le système ne sont pas la cause de nos problèmes autant que l’homme qui les façonne et les compose et qui en est le principal responsable parce qu’il les fourvoie, les manipule, les trompe et les déroute. L’État, le pouvoir et le système ont bon dos, ils supportent tout, parce qu’ils sont abstraits.

Quel malheur ! Tenez, prenez les lois par exemple, eh bien, elles sont parfaites quand ceux qui les rédigent sont honnêtes et justes. Elles sont imparfaites et inacceptables quant ceux qui les conçoivent ne sont que des fourbes, des faux et des combinards. C’est pour cela que nous disons que c’est l’homme qui est à l’origine de nos malheurs et… de notre bonheur, évidemment, quand il décide d’être le bon producteur et le parfait modèle du travail, de l’intégrité et de la vertu. N’allons donc pas chercher ailleurs. N’allons pas chercher des poux dans la tête des orphelins, comme dit l’adage populaire. «En effet, fouqna bikoum…oui !», tant est si bien que nous allons être plus vigilants que jamais car le respect des idées est désormais codifié sur les tables de l’irréversible. Nous allons nous unir pour dépasser nos problèmes. Nous allons travailler dur, sans attendre l’aide des autres, pour instaurer ce qui devient indispensable à notre sérénité : l’entente et la compréhension, entre nous, seul moyen pour nous permettre d’avancer. Nous allons nous serrer les coudes plus que jamais, parce que nous avons compris que les temps sont durs, aujourd’hui plus qu’hier.
Nous savons que notre pays qui, «ne vivant pas de son hymne mais de son pétrole, fait partie d’un monde qui le décompose en petits morceaux pour mieux le mondialiser malgré lui ou son Histoire du 1er Novembre». Car, «on a beau reboiser son jardin avec des chants patriotiques et recourir au prétexte de la souveraineté pour casser des opposants, faire des mises au point diplomatiques ou se gonfler le torse, le monde n’est plus ce qu’il était avant d’être un partage numérique ou une sorte de mondialisation par musiques du monde interposées, il est d’abord le butin de la mondialisation sécuritaire et celle économique». Enfin, nous vous disons : «fouqna», tout simplement, et c’est le terme qui sonne juste.
C’est pour cela que nous devons bannir la démagogie et ramener notre pays à son véritable poids, à son poids réel, loin de ce patriotisme au forfait, parce que les «souverainetés», en effet, n’ont plus que la taille de leurs monnaies, chez les gens qui dirigent la mondialisation ! Parce qu’également, demain, nous devons nous expliquer afin qu’il n’y ait plus d’État-propriétaire et peuple coupeur de route, à travers des émeutes qui se multiplient et dégénèrent en protesta permanente. Car aujourd’hui, comme disait quelqu’un, «l’État, pour sa part, essentiellement composé de gens qui ont fait la guerre contre la France ou contre le terrorisme, considère qu’il a fait l’essentiel pour ce peuple, c’est-à-dire le libérer deux fois et qu’il a droit de posséder ce pays qu’il a arraché aux colons comme au FIS. De ce point de vue en vrac, l’État considère que le peuple est composé de gens dont il faut gérer la masse pas le détail, la macroéconomie pas la faim et le chômage individuel, la superstructure pas la vie, le destin pas les problèmes (…) et qu’il faut savoir le défendre contre la tentation de jouer l’adulte ou de demander sa part dans ce pays indivisible en largeur mais déjà divisé en hauteur». Là, nous vous dirons à notre tour, en vous jetant à la figure, non pas «fouqna», comme cela, d’une façon incertaine et simpliste, mais «faqou !!» – c’est-à-dire tout le monde – d’une façon inflexible et déterminée, car nous allons travailler abondamment, inlassablement, pour que les «deux parties» soient soudées pour longtemps.
«Notre pays a besoin que son peuple revienne chez lui et que l’État revienne sur terre». Oui, les dirigeants également, doivent comprendre que nous en avons assez d’entendre des promesses et d’attendre des plans de relance qui tardent à voir le jour. Ils doivent comprendre que nous nous sentons toujours leurrés, jusqu’à l’heure où je vous parle. Comment cela ? Eh bien, parce qu’ils nous mentent effroyablement, à défaut de ne pouvoir nous présenter du concret. Cette situation se perpétue, et nous avons l’impression qu’elle va en s’éternisant, alors que le chômage, la précarité et la pauvreté sont des indicateurs sociaux qui nous positionnent «au rouge». En effet, des centaines de milliers de nationaux voient leur condition sociale se dégrader continuellement en dépit de notre aisance financière, ce qui les amène à s’exprimer par des mouvements de protestation qui tournent souvent à l’émeute et, par la suite, qui «tournent au vinaigre». Je l’ai déjà dit.

Ce pouvoir et ses dirigeants doivent adopter une véritable politique de relance, celle qui sera intelligemment estimée, pour améliorer le quotidien des citoyens qui vivent dans la précarité et non cette démarche de «l’idéologie de charité» que certains hauts responsables en font un registre de commerce. Sans cela, rien ne se fera dans les normes, et le droit continuera d’être transgressé et transformé en faveur, et le jeu imposé n’aura de règle que pour celui qui distribuera les cartes du fait que c’est toujours le même, sous une casquette différente. Oui, nous allons travailler abondamment, parce que nous connaissons maintenant la source de nos problèmes. Nous savons que «le marasme, caractérisé par la révolte sociale, la lenteur des réformes et la difficulté que rencontre notre pays pour décoller économiquement et socialement, en dépit de ressources financières importantes, est expliqué par la difficulté apparente des pouvoirs politiques à élaborer de bonnes politiques publiques qui ne manquent pas d’action et de visibilité.
En outre, le manque d’efficacité dans la gestion publique et la lourdeur bureaucratique sont des éléments qu’il ne faut pas négliger dans la recherche des causes de ce malaise social». Nous allons nous mobiliser pour faire cesser ces soulèvements agressifs qui ne servent personne et encore moins ceux qui endurent de mauvaises conditions de vie, ceux qui sont touchés par le chômage et ceux qui cohabitent avec une grande précarité. Nous allons nous mobiliser pour faire cesser «les émeutes, les soulèvements sociaux et l’insécurité régnante afin qu’ils ne persistent pas à être les seules alternatives pour cette frange désorientée de la population». Mais nous allons aussi nous mobiliser et nous solidariser avec les bonnes volontés, parmi les responsables – il y en a encore, fort heureusement – pour que la lutte contre le banditisme et l’insécurité à l’intérieur des villes «doit s’accompagner de mesures politiques et de mesures sociales en faveur notamment de l’emploi, de la justice sociale, de la réduction de la pauvreté, de l’amélioration des infrastructures, de la suppression de la corruption… En d’autres termes, il faut que l’État apporte des solutions politiques, économiques et sociales».
(A suivre) 
Par Kamel Bouchama (auteur)