Les professionnels de la santé interpellent les autorités

Infrastructures saturées, équipements obsolètes et projets gelés

Coincés dans le pays depuis le début de la pandémie de la Covid-19, certains VIP, qui avaient l’habitude de se rendre à l’étranger, même pour des check-up, ont dû se rendre compte des dures réalités du système sanitaire national.

Ils ont constaté, malgré eux, qu’il y a un virus pire que celui du Covid-19. Il est matérialisé par des infrastructures saturées et des équipements obsolètes. Cela n’apparaissait pas du temps de l’ancien système où les VIP et leurs proches se présentaient aux frontières pour s’envoler à l’étranger et bénéficier d’une prise en charge optimale. Cela se faisait aux frais de l’Etat pour le moindre petit bobo. Parfois avec le concours des maigres ressources publiques qu’ils arrivaient à détourner. Ceux qui ne sont pas financièrement nantis préfèrent être hospitalisés localement chez le privé, plutôt que de se rendre dans un hôpital public perçu à tort ou à raison, comme un mouroir. Pourtant, il est reconnu que l’incompétence du personnel médical et paramédical ne figure pas sur la liste des griefs à retenir contre les Algériens : «Nous avons de très bons praticiens, radiologues et paramédicaux dans notre pays.
Il suffit de voir les concours de résidanat pour s’en convaincre. C’est surtout un problème de gestion qui se posait ces 20 dernières années. A l’exception de celle de 2020 avec les urgences qu’imposaient les prises en charge de la Covid-19. Praticiens, techniciens et agents de la santé s’étonnent que cette situation n’ait pas donné lieu à des décisions de réalisation en toute priorité de nouveau Centres hospitalo-universitaire. Ceux actuellement en fonction dans les principales villes du pays sont saturés depuis des années. Certains comme le CHU de Annaba datent de la période coloniale», a affirmé un jeune résident D’autres de ses camarades ont estimé que l’Etat a mal réparti ses moyens. Il y a ceux qui ont abordé la question portant sur la réalisation d’hôpitaux avec l’appui financier des Chinois et des Koweïtiens à Constantine et Ouargla. Des projets portant construction de quatre CHU qui auraient dû être matérialisés à Alger, Tlemcen, Constantine et Tizi-Ouzou dès 2014.
Ils ne l’ont pas été. Et pourtant, c’était la période où le baril de pétrole avait atteint les 140 dollars. Sept années après, ces projets ont été transformés en mouroir. Nommé en 2014, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière jouissant d’une autonomie financière et décisionnelle, Abdelmalek Boudiaf avait une totale liberté de mouvement. Ce qu’avait confirmé la mission qui lui a été confiée portant sur la matérialisation de dix Centres hospitaliers-universitaires (CHU) dont les quatre à réaliser en cinq années représentaient un aperçu. Tout avait été fait pour que ce lancement intervienne en même temps que le retour au pays du président de la République déchu. Il était de retour après un séjour pour des soins à Val-de-Grace. Tous ces faits et bien d’autres devraient faire l’objet d’une «inspection» ordonnée par l’actuel ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.
Elle englobera toutes les wilayas du pays pour aboutir à un rapport diagnostic sur la situation des hôpitaux et autres structures sanitaires opérationnelles en Algérie. Sont concernés par cette enquête, les infrastructures existantes aussi bien en termes d’équipements que moyens humains. Une fois l’opération bouclée, les travaux de restauration et de «mise à niveau» seront aussitôt enclenchés. Il ressort aussi que les projets de construction des dix nouveaux CHU sont maintenus. Ils seront construits selon les normes internationales sous forme de monobloc, et non pas «multi-pavionnaires» comme cela a été le cas de tous les hôpitaux existants. Selon les spécialistes, ce type d’architecture permettrait de faire «l’économie du temps et de l’argent», puisque tous les services seront placés dans un même espace comme cela se fait ailleurs.
Il ressort de nos différents et nombreux contacts avec les hospitalo-universitaires que trois wilayas Tizi-Ouzou, Tlemcen et Alger disposeront d’un CHU de nouvelle génération. Les sept autres le seront dès leur affectation dans des sites où il sera tenu compte de l’équilibre régional et de la densité des populations. Dans le même ordre d’idées, il est question de réalisation d’un CHU type Val-de-Grâce. Ce Val-de-Grâce «algérien», serait localisé à Bouchaoui, près de Chéraga d’après la même source. Pour s’y préparer, l’université de Béjaïa a été chargée officiellement de former le personnel paramédical. Ce dernier sera réparti sur les différents CHU en chantiers. Ces infirmiers et autres techniciens de la santé seront formés suivant le système LMD après obtention du BAC. Les professeurs ayant dépassé les 15 années d’expérience seront eux aussi affectés à la gestion des grands hôpitaux.
A. Djabali