Une œuvre ifé retrouve ses terres nigérianes

Œuvres d’arts pillées

C’est une tête en terre cuite, datant d’au moins 600 ans et introduite en contrebande aux Pays-Bas, qui vient d’être rendue à la nation ouest-africaine.

Des sculptures, des visages, des têtes, délicatement détaillées, parfois parées et coiffées en laiton, en pierre ou en terre cuite rougeâtre. Sur le continent, l’art d’Ifé jouit d’un statut particulier entre le XIe et le XVe siècle, lorsque ce royaume était à l’apogée de sa puissance, enrichi par l’agriculture, le commerce de noix de kola et de perles de verre fabriquées localement. Très engagé dans la restitution de ses œuvres d’art pillées ou illégalement détenues dans d’autres pays, le Nigeria vient de récupérer une tête en terre cuite datant sans doute d’au moins 600 ans qui avait été introduite en contrebande aux Pays-Bas, ont annoncé vendredi les autorités.
Cette antiquité prise dans la ville de Ilé-Ifé, en pays yoruba dans le Sud-Ouest, et arrivée aux Pays-Bas, via le Ghana, a été remise au Nigeria ce jeudi 26 novembre. La nouvelle fait la une des médias depuis plusieurs jours alors que le Nigeria est en première ligne pour la restitution de ses œuvres culturelles. Une quête de longue haleine L’ambassadeur des Pays-Bas au Nigeria, Harry Van Dijk, a remis l’objet au ministre lors d’une cérémonie dans la capitale nigériane en présence du ministre de la Culture et de l’Information, Lai Mohammed. «Le trafiquant avait obtenu des documents falsifiés» pour faire voyager la tête en terre cuite, a-t-il précisé.
Mais à l’aéroport de Schipol, à Amsterdam, les douanes ont intercepté l’objet et alerté le bureau de protection des antiquités aux Pays-Bas. Ce bureau a ensuite demandé au Nigeria d’apporter la preuve de leur propriété, ce que le pays a fait. Avec le rapatriement de cet objet «inestimable et éternel», les efforts du Nigeria pour récupérer des antiquités volées ont commencé à porter leurs fruits, a estimé le ministre. Des centaines d’objets nigérians, dont des bronzes de l’ancien royaume du Bénin – le territoire correspondant aujourd’hui au sud-ouest du Nigeria –, volés lors de la période précoloniale et coloniale se trouvent encore dans des musées en Europe et aux États-Unis. Le ministre a indiqué que le Nigeria continuerait à réclamer le retour des objets d’art.
Le Point Afrique (avec AFP)