Bazoum en passe de devenir le premier président d’origine arabe

Niger

Le candidat du parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pourvoir), Mohamed Bazoum, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle du 27 décembre au Niger, pourrait, selon des observateurs, devenir le premier président d’origine arabe. Mohamed Bazoum, acteur clé de la vie politique au Niger depuis trente ans et candidat du parti au pouvoir à l’élection présidentielle n’a pas été élu dès le premier tour comme il l’espérait, mais, de l’avis des analystes, le bras droit du président sortant, Mahamadou Issoufou, ne manque pas d’atouts pour prétendre au poste de président.

Bazoum, qui vient de la tribu arabe «Ouled Sliman», a été l’un des fondateurs du PNDS. Aujourd’hui, il préside cette formation affiliée à l’Internationale socialiste, un atout certain en matière de relations publiques, d’après des analystes. Cet excellent orateur a fait ses premières armes en politique au sein du Syndicat national des enseignants du Niger, puis de l’Union des syndicats des travailleurs du Niger (USTN), dont il devint le coordonnateur régional à Maradi (ville nigérienne) et qu’il représenta à la Conférence nationale de 1991 qui a permis de faire entrer le pays dans une ère de pluralisme. Sur Twitter, il compte 15.000 abonnés, et sa page Facebook est suivie par 86.000 personnes. Il dispose donc d’une véritable force de frappe sur les réseaux sociaux, très rare dans le milieu politique nigérien. Parmi les collaborateurs d’Issoufou, il est l’un des plus craints par la société civile. Bazoum, lui, voit en elle (la société civile) «un repaire d’opposants déguisés en défenseurs des droits de l’homme».
L’appartenance ethnique de Bazoum attise le mécontentement de ses adversaires Cinq fois député de Tesker (au nord-est de Zinder), ministre des Affaires étrangères puis de l’Intérieur, il a construit sa carrière avec méthode. Seule ombre au tableau : sa base électorale, jugée par une partie de l’opposition faible en raison de son appartenance communautaire. Bazoum est attaqué par certains de ses adversaires sur ses origines qui ne seraient pas nigériennes. Une question qui a dominé, d’ailleurs, les débats durant la campagne électorale. «Je suis né au Niger, j’y ai été élevé et j’y ai toujours travaillé. Ceux qui me contestent ma nationalité aujourd’hui savent très bien que je suis Nigérien, mais faute d’arguments sérieux face aux électeurs, ils n’ont pas trouvé mieux que d’inventer ce genre d’accusations», a-t-il répliqué. Or, dit-il, «le Niger n’a pas besoin de ce genre d’histoires. La sous-région et l’Afrique non plus». «C’est un des sens que je donne d’ailleurs à ma candidature et je pense que l’écrasante majorité de mes compatriotes ont déjà largement dépassé ces considérations tribales et ethniques», argumente l’ancien professeur de philosophie.
Conformément au Code électoral, le second tour de la présidentielle doit se tenir au plus tard le 20 février prochain. Depuis 1993, date du premier scrutin présidentiel pluraliste dans ce pays, l’élection du chef de l’Etat au Niger s’est toujours jouée en deux tours. Le candidat du parti au pouvoir, qui a obtenu 39,33% des suffrages, affrontera l’ancien président Mahamane Ousmane, arrivé en deuxième position. Aux élections législatives, qui étaient couplées au scrutin présidentiel, le parti de MM. Bazoum et du président sortant Issoufou, le PNDS, est tout près de la majorité absolue avec 80 sièges sur 161, alors que 5 sièges de la diaspora restent à attribuer (166 députés au total). Le dauphin du président sortant Issoufou devra tout de même convaincre les 28 autres candidats qui étaient dans la course pour fortifier son avance et réaliser son rêve présidentiel. En effet, c’est la première fois dans l’histoire du Niger qu’un président élu succédera à autre président élu. Le pays a déjà vécu quatre coups d’Etat réussis (1974, 1995, 1999 et 2010) et plusieurs tentatives échouées. S’il est élu, Bazoum héritera de son prédécesseur, notamment le défi de juguler les attaques terroristes qui ont fait des centaines de morts depuis 2010, et fait fuir de leurs foyers environ 500.000 personnes, selon l’ONU.
R.I