La mobilisation face à certains slogans qui ne font pas l’unanimité

Mouvement populaire (Hirak)

Le mouvement populaire pacifique, le Hirak, ou la révolution du sourire ne faiblit pas. Avant-hier, au 5ème vendredi depuis le retour des marches, le 110ème depuis son déclenchement, la mobilisation citoyenne était au rendez-vous dans plusieurs wilayas du pays, où les foules des grands jours étaient partagées sur certains slogans qui ne font pas l’unanimité.

Principalement ceux fondamentalistes, véhiculés par le mouvement Rachad, créé par des anciens du Front islamique du salut (FIS) dissous, qui veut surfer sur la vague des protestations populaires, et ceux rejetant l’Etat islamique et laïc. Des mots d’ordre véhiculés aux fins de diviser et affaiblir ce mouvement populaire, plus que jamais appelé à dépasser ces clivages idéologique et préserver son unité. « Il n y a ni islamiste, ni laïc, il y a un gang qui vole au grand jour », était-il écrit sur une large banderole lors de la grandiose marche d’avant-hier vendredi à Alger. Fait nouveau, avant-hier vendredi, des arrestations de manifestants ont été signalées dans certaines villes du pays dont Alger comme durant la marche du 22 février 2021, célébrant le 2ème anniversaire du mouvement populaire.
Pendant que la mouvance démocratique s’employait à travers cette mobilisation citoyenne à créer ce rapport de force avec le pouvoir en place, dans certaines villes du pays, les militants de ce mouvement Rachad, interdit d’activité en Algérie, jeunes pour la plupart, et toujours présents aux premières lignes des marches du vendredi et du mardi, n’hésitent pas à brandir au milieu des foules des posters de dirigeants islamistes et s’en prendre aux activistes du mouvement populaire pacifique. Depuis, plus particulièrement, l’été 2019 jusqu’à la suspension des marches au printemps dernier à cause de l’épidémie du Coronavirus. Imposant des choix de slogans sans pour autant s’écarter des revendications du Hirak et de son caractère pacifique.
Pour beaucoup d’observateurs, le mouvement populaire pacifique qui a fait barrage au 5ème mandat du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, et à son règne chaotique, se doit de se surpasser des clivages idéologiques et préserver son unité affectée par son horizontalité. « Nous ne sommes plus en présence du même phénomène populaire, intergénérationnel et rassemblant l’ensemble des catégories sociales. La désaffection massive des femmes après celles des couches laborieuses, frappées de plein fouet par la crise sanitaire et qui ne se reconnaissent plus dans ce discours abstrait sur la démocratie vidée de tout contenu social, a conduit aussi à l’éloignement de fractions importantes de classes moyennes éduquées face à l’irruption dans les marches d’une « armée de réserve » des mouvements réactionnaires et obscurantistes », avait relevé, récemment, Samir Bouakouir, conseiller politique du Premier secrétaire national du FFS.
Cette modification sociologique, au demeurant, latente et prévisible, faute de perspective politique et qui pervertit l’esprit de la révolution du sourire du 22 février 2019, a eu pour effet, avait-il poursuivi, dans un entretien au journal électronique TSA, une transformation de sa nature politique en quelque chose de nébuleux et d’inquiétant qui rappelle certains épisodes historiques traumatisant que ce soit dans notre pays ou dans le monde.
R. M.