Face à la crise ukrainienne, quelles perspectives pour le cours du pétrole/gaz et la coopération Algérie/Europe dans le domaine énergétique ?

Crise ukrainienne

Avec l’impact de la crise du coronavirus et récemment avec la crise ukrainienne, plus jamais le monde ne sera comme avant préfigurant d’importantes mutations dans les relations internationales. L’embargo décidé par le président américain dont les USA qui ne dépendent pas de l’énergie russe et surtout la position mesurée quant aux pays de l’Union européenne fortement dépendants du gaz russe surtout l’Allemagne, et l’assurance de la Russie de continuer à approvisionner l’Europe a fait que le cours du gaz a perdu 50 % depuis son sommet atteint le 07 mars 2022 à 345 mégawattheure, a reculé depuis de 18,09 % à 175,75 euros le mégawattheure mais reste en hausse de 147 % depuis début janvier 2022 et avec une accalmie du cour s du pétrole qui a été coté le 11 mars 2022 11HGMT, à 112,42 dollars pour le Brent et pour le Wit 109,20 dollars, alors que certains prévoyaient rapidement un cours à 200 dollars .Et actuellement aucun expert ne peut prédire l’évolution des cours fonction des facteurs déterminants de la géopolitique. Mais à terme se dessine une autre stratégie, à moyen terme l’accélération de la transition énergétique et à court terme, le paradoxe, les ennemis d’hier, sous la pression de la conjoncture, les émissaires américains envoyés au Venezuela , premier réservoir de pétrole brut au monde, 266 milliards de barils ( certes un pétrole lourd) et l’accélération des négociations avec l’Iran deuxième réservoir mondial de gaz 35.000 milliards de mètres cubes gazeux après la Russie, ainsi que se tourner vers d’autres pays pour l’ approvisionnement faisant pression sur les pays l’OPEP pour accroître leur production.

Avec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire et à travers des systèmes de connexions peut être un grand exportateur d’énergie vers l’Europe, sixièmement, selon les experts, horizon 2030/2040, est le développement de l’hydrogène pour le transport et le stockage des énergies intermittentes et pourrait aussi permettre de produire directement de l’énergie tout en protégeant l’environnement, l’hydrogène en brûlant dans l’air n’émettant aucun polluant et ne produisant que de l’eau.

4.Quelles perspectives à moyen terme ? Du côté européen, l’ambassadeur de l’Union européenne à Alger a évoqué récemment des discussions « constructives » , des relations bilatérales prometteuses aussi bien dans le domaine sécuritaire, de l’énergie que dans d’autres secteurs. Aussi malgré ces divergences conjoncturelles, il s’agit comme je l’ai souligné il y a quelques années lors d’une conférence, à l’invitation du parlement européen à Bruxelles, de dépassionner les relations. Dans ce cadre, un débat important le 09 mars 2022 de 20-22h auquel le professeur A.Mebtoul a été invité en présence de plusieurs ministres, ambassadeurs, PDG de groupes et experts sur les impacts de la crise ukrainienne avec une conférence débat animée par l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Paris, le docteur Fahad M. Al Ruwaily dont j’ai eu un long entretien. Lors du débat je suis intervenu pour insister sur le fait que l’Algérie est un acteur stratégique en matière sécuritaire et énergétique au sein de l’OPEP. Du point de vue géostratégique pour la stabilisation de la région et que la coopération Algérie/Europe, la démarche d’évaluation réclamée par l’Algérie de l’Accord d’association, ne vise nullement à remettre en cause l’Accord, d’association mais, bien au contraire, à l’utiliser pleinement dans le sens d’une interprétation positive de ses dispositions permettant un rééquilibrage des liens de coopération, l’objectif étant de favoriser un partenariat gagnant/gagnant, Tous les accords qu’a signé l’Algérie pour une zone de libre-échange avec l’Europe, le Monde arabe, et l’ Afrique ont pour fondement à terme les baisses tarifaires qui sont un manque à gagner à court terme du fait du dégrèvement tarifaire, mais pour bénéficier des effets positifs, sinon les effets pervers l’emporteront, l’on devra faire le ménage au sein de l’économie algérienne afin de dynamiser les sections hors rente. Sur le plan sécuritaire, plusieurs rapports entre 2018/2021 de l’Union européenne saluent les efforts de l’Algérie en matière de sécurité et de défense où les tensions au niveau de la région influent par ricochet, sur l’Europe. L’effort continu, de modernisation des équipements, ainsi que les nombreux effectifs de sécurité dont l’Algérie dispose, ont permis au pays de contrer de façon efficace les menaces terroristes. L’évolution de la crise libyenne, malienne et la situation complexe dans la région du Sahel ont amené l’Armée nationale populaire (ANP) à déployer des forces de sécurité supplémentaires aux frontières, supportant donc un lourd fardeau profitable à l’Europe. (voir nos interviews à l’American Herald Tribune 2016 ;2018,2020, au quotidien financier français, AfricaPresse 2019/2021 et au site américain Maghreb Voices 2020/2021).

En conclusion, dans la pratique des relations internationales n’existent pas de sentiments mais que des intérêts , en ce monde impitoyable, où toute Nation qui n’avance pas recule forcément, n’existant pas de situation statique, les relations entre l’Algérie et ses différentes partenaires doivent trouver une solution garantissant les intérêts réciproques, garantissant le développement et la stabilité des deux rives de la Méditerranée et de l’Afrique, espace naturel de l’Algérie
(Suite et fin)
Professeur des universités, expert
international Abderrahmane Mebtoul