Un accord de 7 milliards de dollars signé entre l’Algérie et la Chine

Sonatrach relance le méga-projet de phosphate à Tébessa

La guerre en Ukraine est une aubaine pour relancer le développement des secteurs stratégiques. C’est de bonne guerre. La flambée des cours des matières premières sur le marché international et l’évolution de la demande incitent la société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, à relancer ses projets dans le secteur minier. Elle vient de signer un accord d’actionnaire avec deux compagnies chinoises pour investir sept milliards de dollars en vue de produire 5,4 millions de tonnes d’engrais par an, dans la région de Tébessa, selon le communiqué de la compagnie.
« Ce projet permettra à l’Algérie d’être l’un des principaux pays dans le monde dans l’export d’engrais et de fertilisants », a indiqué le Président-directeur général de la Sonatrach, Toufik Hakkar, dans une allocution à l’occasion de la cérémonie de signature d’un pacte d’actionnaires pour la création, en partenariat algéro-chinois, d’une société par actions de droit algérien pour entamer le développement du PPI, assurant que « la sélection des deux partenaires chinois résulte d’un appel à manifestation d’intérêt ouvert, lancé par la partie algérienne en mai 2021 ».
Les deux sociétés chinoises, Wuhuan et Tian’an ont signé avec le groupe algérien Asmidal, filiale du géant pétrolier public Sonatrach, et la compagnie algérienne d’exploitation des mines Manal « le pacte d’actionnaire pour la création d’une société algéro-chinoise pour le Projet Phosphates Intégré (PPI), selon le communiqué de la compagnie pétrolière nationale qui nourrit depuis quelques mois de grandes ambitions dans le secteur minier. La relance de ce méga-projet de PPI permettra, selon M. Hakkar, à l’Algérie d’augmenter sa production et ses exportations d’engrais, d’urée et de phosphates.
Des produits hautement demandés et qui risquent de manquer sur le marché mondial en raison des sanctions occidentales contre la Russie, l’un des principaux producteurs et fournisseurs mondiaux du phosphate aux côtés des Etats-Unis et de la Chine. Cette dernière aidera l’Algérie à relever ses niveaux d’extraction et de transformation de phosphates et lui permettre de « produira plus de 6 millions de tonnes de produits phosphatés annuellement », a indiqué M. Hakkar dans son allocution, rappelant, que « actuellement, l’Algérie produit près de 3 millions de tonnes d’urée ». Ce volume de production sera doublé après l’achèvement du projet et « permettra la création d’environ 12.000 emplois en phase construction et à terme, en phase exploitation, environ 6.000 emplois directs et 24.000 emplois indirects », a fait savoir
M. Hakkar. Le développement du domaine minier figure parmi les objectifs de long termes fixés par la Sonatrach dans son plan d’investissement évalué à 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026. Elle vise ainsi à redynamiser le secteur du phosphate et renforcer ainsi la production des produits intermédiaires d’engrais (ammoniac, soufre…) et de l’urée dont le marché mondial dépend à plus de 13% des exportations russes en baisse en raison du blocus commercial de l’Occident.
Une aubaine pour Sonatrach pour diversifier sa production et ses exportations vers l’Europe qui, d’ores et déjà, compte sur les pays de l’Afrique du Nord pour compenser les importations russes d’engrais et du phosphore… Pour atteindre cet objectif, la compagnie devra mettre le paquet pour faire face à la concurrence marocaine et américaine dans le domaine du phosphate. Sonatrach compte dans cette reconquête de nouveaux marchés sur ses partenaires chinois. « Les deux entreprises chinoises ont une grande expérience dans la technologie, la production d’engrais et l’exploitation minière du phosphate », a indiqué de son côté, le P-DG du Groupe Asmidal, filiale de la compagnie Sonatrach, Mohamed Tahar Heouaine, affirmant que « ce projet utilise les dernières technologies pour une production importante de composants écologiques à moindre coût en valorisant l’ensemble des rejets au profit d’autres secteurs tels que les travaux publics, la construction et les énergies renouvelables ».
La réalisation de ce projet « va mobiliser beaucoup de ressources financières, humaines et techniques. Il aura des impacts sociaux et économiques, notamment dans l’Est du pays », a-t-il ajouté. Ce projet saura capter les richesses et créer de la valeur ajoutée sur le marché local. Il est prévu initialement le « développement et l’exploitation du gisement de phosphates de Bled El-Hadba dans la région de Tébessa (630 km à l’Est d’Alger) ainsi que la transformation chimique des phosphates et la fabrication des engrais dans deux autres localités dans l’Est de Algérie », a précisé la compagnie dans son communiqué.
Samira Takharboucht