De l’humanisme de la Renaissance à la naissance de l’homme-robot

Sciences

Tout récemment, le magazine hebdomadaire politique et économique mondialement connu, The Economist, a attiré un surcroît d’attention de la part des médias internationaux, et pour cause. En effet, depuis des décennies, près de la fin de chaque année, il publie une édition spéciale attendue avec impatience, qui prédit les grandes tendances politiques, économiques et sociales de l’année à venir. Mais contrairement à l’habitude, le numéro de décembre 2018 intitulé Le Monde en 2019 s’est distingué par la caractéristique intéressante d’avoir eu deux couvertures successives et, surtout, énigmatiques.

En l’espace de quelques jours seulement, la photo de couverture de la 33e édition de ce magazine, détenu partiellement par la famille Rothschild et connu pour être le porte-voix de l’élite mondiale et de son agenda , est passée de la couleur noire intégrale à de la magie noire presque ! Et puisque le site officiel du magazine ne s’avère d’aucune aide pour élucider le mystère de ces deux couvertures – plus particulièrement la 2e version qui affiche un large éventail d’images et de symboles cryptiques – l’on se retrouve dans l’inconfortable nécessité de recourir à des lectures ésotériques, occultes et maçonniques.
Fort heureusement, une description éclairante de ces symboles majoritairement apocalyptiques et lluminati a été fournie dans un article édifiant sur le site Web du blog The Vigilant Citizen dont la devise est la citation attribuée à Confucius : Les signes et les symboles gouvernent le monde, pas les mots ni les lois. Au centre de la couverture se dresse L’Homme de Vitruve, un des plus célèbres chefs d’œuvre artistiques – en sus de La Joconde- de Léonard de Vinci. «L’Homme de Vitruve» a aussi deux tatouages. Sur son avant-bras, est dessinée une double hélice, symbole représentant l’ADN. C’est probablement une référence à la recherche intense entreprise dans le secteur privé en matière de modification de l’ADN. L’ADN de «L’Homme de Vitruve» a-t-il été altéré ?».
L’article se conclut par des observations importantes soulevant deux questions cruciales : «Dans l’ensemble, «L’Homme de Vitruve» moderne semble aveuglé, affaibli, distrait et réprimé. Le cercle autour de lui, qui symbolisait jadis le monde spirituel, est maintenant devenu la Terre. «L’homme de Vitruve» a-t-il perdu son âme ? S’intéresse-t-il à présent aux seules réalités profanes et matérielles ?
Il importe de noter que pour son dessin (réalisé vers 1490), Léonard De Vinci s’était largement inspiré des œuvres de Marcus Vitruvius Pollio, célèbre architecte romain, ingénieur civil et militaire et auteur. Dans son traité , traduit du latin sous le titre Dix livres d’architecture, Vitruve a montré que le corps humain «idéal» s’emboîtait précisément dans un cercle et un carré – deux motifs géométriques fondamentaux de l’ordre cosmique – illustrant ainsi sa croyance en l’existence d’un lien entre les formes géométriques parfaites et le corps parfait. Plus significativement encore, Vitruve est considéré comme étant l’un des plus «grands maîtres» aussi bien qu’une figure centrale – aux côtés du roi Salomon d’Israël, du roi Hiram de Tyr et de Hiram Abif, trois personnages bibliques étroitement associés à la construction du temple du roi Salomon – d’une allégorie liée au passage au 3e degré de la francmaçonnerie dont le logo emblématique associe deux instruments utilisés en architecture : une équerre et un compas réunis auxquels est souvent ajoutée, au milieu, la lettre «G».
Dans le symbolisme maçonnique , le compas, en tant qu’outil, trace un cercle ; étant sans commencement ni fin, il signifie l’âme (esprit ou éternité). Quant à l’équerre, elle permet de dessiner un carré, qui est depuis longtemps un symbole du corps (physique et temporaire) incarnant le monde matériel, avec ses 4 points cardinaux, ses 4 saisons, ses 4 éléments et ses 4 états de la matière.
Objectif ultime de la franc-maçonnerie : à travers la résolution de l’équation de la quadrature du cercle – autrement dit, en harmonisant les mondes opposés physique et spirituel – arriver à créer «l’homme parfait» et ainsi atteindre la divinité ! Il n’est pas étonnant par conséquent, que la francmaçonnerie soit «ouverte aux hommes de toutes les religions, mais que la religion ne peut être discutée lors des réunions maçonniques». Ils aspirent «à atteindre des sommets intellectuels plus élevés que ceux de tout génie humain actuel, tout comme les humains sont au-dessus des autres primates ; à être résistants aux maladies et imperméables au vieillissement ; à avoir une jeunesse et une vigueur illimitées ; à exercer un contrôle sur leurs propres désirs, humeurs, et états mentaux ; à être capables d’éviter de se sentir fatigués, haineux ou irrités par des choses futiles ; à avoir une capacité accrue de plaisir, d’amour, d’appréciation artistique et de sérénité ; à faire l’expérience de nouveaux états de conscience auxquels le cerveau humain actuel ne peut accéder.
Cette dernière alternative nécessiterait probablement soit une nouvelle conception de l’organisme humain utilisant des nanotechnologies avancées, soit une amélioration radicale utilisant une combinaison de technologies comme le génie génétique, la psychopharmacologie, les thérapies antivieillissement, les interfaces neuronales, des outils avancés de gestion de l’information, l’amélioration de la mémoire, les médicaments, les ordinateurs portables et les techniques cognitives».
Néanmoins, les changements nécessaires pour nous rendre posthumains sont jugés trop profonds pour être réalisables simplement en modifiant certains aspects de la théorie psychologique ou la façon que nous avons de penser de nous-mêmes ; c’est pourquoi, des modifications technologiques radicales de notre cerveau et de notre corps sont nécessaires. De toute évidence, les transhumanistes sont bien conscients du fait que les transitions technologiques à venir constituent sans doute le défi le plus important auquel l’humanité sera jamais confrontée.
Ils admettent même que toute la vie intelligente future sur Terre pourrait dépendre de la manière dont ces transitions seront gérées. Si nous faisons les choses comme il faut, disent-ils, «un avenir posthumain fantastique, offrant des possibilités illimitées de croissance et d’épanouissement, pourrait nous attendre». Mais, ils préviennent que si nous gérons mal ces transitions, «la vie intelligente peut disparaître». Bostrom pense qu’en principe, nous pourrions construire une sorte de superintelligence qui protégerait les valeurs humaines.
Mais dans la pratique, s’empresse-t-il d’ajouter, le problème du contrôle – celui de savoir comment contrôler ce que ferait la superintelligence – semble assez difficile, bien qu’il semblerait que nous n’aurions qu’une seule chance. Quoi qu’il en soit, il avertit qu’une fois qu’une superintelligence «hostile» aura vu le jour, elle nous empêcherait de la remplacer ou de modifier ses préférences.
En conséquence, «notre destin serait scellé» ! À tous ceux qui sont enclins à écarter d’emblée une «prise de contrôle artificielle» comme étant de la pure science-fiction, les transhumanistes rétorquent qu’il est probable que cela se produira au cours de ce siècle. Et comme pour nous convaincre davantage de la justesse de leurs points de vue et de leurs prévisions, ils ne manquent aucune occasion pour exhiber systématiquement les données fournies par Derek Price , selon lequel au moins depuis la fin du XIXe siècle, la science et la technologie, mesurées sur la base d’une large gamme d’indicateurs, ont doublé tous les 15 ans environ.
Par extrapolation de ce taux de progrès exponentiel, et sauf renversement brutal des tendances actuelles ou ralentissement inattendu, les transhumanistes prévoient des changements spectaculaires dans un avenir relativement proche et n’hésitent plus à proclamer Urbi et Orbi l’avènement tant attendu du Prométhée moderne ! En vérité, le compte à rebours, synonyme d’un point de non-retour, vers le Frankenstein de Mary Shelley a déjà commencé. Sans surprise, il a été lancé à partir de la Suède natale de Bostrum où la société de technologie BioHax International a déjà «micropucé» un grand nombre de ses employés.
L’avenir est également arrivé pour les employés de la société de technologie Three Square Market (32M) basée au Wisconsin. La petite puce de la taille d’un grain de riz – la même puce que celle utilisée dans une carte de crédit ou un téléphone portable – est insérée entre le pouce et l’index. Elle utilise la technologie d’identification par radiofréquence (RIFD) et permet aux employés de faire fonctionner des photocopieurs, d’ouvrir des portes, de se connecter à des ordinateurs et plus encore, d’un simple geste de la main, sans avoir besoin désormais de faire usage de la carte d’accès classique.
Et comme dit le proverbe, le «meilleur» reste à venir, sur deux fronts : primo, au niveau de l’entreprise, une concurrence féroce est en cours dans les différentes Silicon Valley du monde entier. Elle est le plus souvent alimentée par l’imagination débridée, l’avidité matérielle et la volonté de puissance qui motivent certains chefs d’entreprises comme Mark Zuckerberg et Elon Musk.
Aux États-Unis, considérés comme le leader mondial dans les domaines de l’Intelligence Artificielle (IA) et de l’apprentissage automatique (Machine Learning), des ingénieurs et des neuroscientifiques travaillent en silence, depuis plus de deux décennies, à la construction d’une technologie révolutionnaire appelée BrainGate. Secundo, au niveau mondial, des efforts incessants sont déployés et de vastes ressources financières sont investies dans la course pour le leadership mondial dans l’IA, avec un accent particulier sur ses applications militaires, dont, notamment, le développement de systèmes d’armes létales autonomes. Ce dernier sujet est si grave et complexe qu’il a poussé les Nations unies à initier un débat portant sur l’élaboration éventuelle d’un traité interdisant de telles armes cauchemardesques.
Le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré sans ambages que «l’avenir appartient à l’Intelligence Artificielle, non seulement pour la Russie, mais pour toute l’humanité. Elle présente des opportunités colossales, mais aussi des menaces difficiles à prévoir. Celui qui sera le leader dans ce domaine deviendra le maître du monde».
En réaction aux remarques de Poutine, Elon Musk a déclaré que la compétition, au niveau national, pour la suprématie en matière d’IA serait la «cause la plus probable de la 3e Guerre mondiale». Il a précisé qu’il pensait que la guerre ne serait pas déclenchée par un chef de file mondial, mais par une IA, en guise de frappe préventive. Cette évolution dramatique et son impact profond sur la pérennité de la civilisation moderne seront le sujet principal d’une analyse à venir.

Amir Nour