L’évacuation des militaires français n’est pas à l’ordre du jour

Niger

L’Union européenne a autorisé le personnel de sa mission au Niger à quitter le pays, mais aucune décision sur l’évacuation de la mission n’a été prise. C’est ce qu’a déclaré aux journalistes la porte-parole de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Nabila Massrali.

Les autorités françaises ont souhaité boucler le 2 août 2023 les opérations d’évacuation par avion de civils du Niger, entamées la veille. Un premier avion a décollé de Niamey le 1er août au soir et a atterri, à l’aéroport de Paris-Roissy Charles de Gaulle.
Quatre avions étaient prévus pour évacuer des civils, en grande majorité français. C’est la première évacuation massive organisée par Paris au Sahel, où les coups d’Etat se sont multipliés depuis 2020. Paris justifie l’évacuation par les violences qui ont eu lieu contre son ambassade le 30 juillet lors d’une manifestation hostile à la France, a annoncé l’Elysée. Les données du gouvernement français donnent le chiffre de 1079 personnes dont 577 ressortissants français, souhaitant quitter le Niger ont été rapatriés, a annoncé jeudi Sébastien Lecornu, ministre des Armées, confirmant que l’opération d’évacuation vers la France était désormais terminée. «L’évacuation de nos ressortissants du Niger vient de s’achever. 1.079 Français et Européens sont désormais en sécurité», a écrit Sébastien Lecornu sur la plateforme X, anciennement Twitter. Au total, cinquante nationalités européennes et non européennes étaient représentées parmi les opérations d’évacuation menées par des avions militaires français, ont annoncé les ministères des Armées et des Affaires étrangères dans un communiqué commun. La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a expliqué que la quasi-totalité des passagers étaient des français qui ont atterri aussi des Nigériens, des Portugais, des Belges, des Ethiopiens et des Libanais, a précisé le Quai d’Orsay à la presse présente à Roissy. Un deuxième vol devait atterrir dans la nuit de jeudi avec à son bord Français, Nigériens, Allemands, Belges, Canadiens, Américains, Autrichiens et Indiens, d’après le ministère français des Affaires étrangères. Sur les quelque 1.200 Français enregistrés sur les listes consulaires au Niger, selon Paris, 600 ressortissants souhaiteraient revenir en France. L’évacuation des militaires français postés au Niger n’est en revanche pas à l’ordre du jour, avait indiqué à la presse l’état-major des armées françaises. La France remise en cause Le ministère allemand des Affaires étrangères a recommandé dans la journée à tous ses ressortissants à Niamey d’accepter l’offre de la France, quand l’Italie a annoncé se tenir prête à évacuer ses ressortissants de Niamey. Les Etats-Unis n’ont pris aucune décision d’évacuation pour le moment, a indiqué la Maison Blanche.
La France, ex-puissance coloniale dans la région et soutien indéfectible du président Mohamed Bazoum, retenu depuis le 26 juillet dans sa résidence présidentielle, est remise en cause au Niger.
Le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger et gouvernés également par des militaires, ont affiché leur solidarité avec les putschistes en affirmant que toute intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum serait considérée comme une déclaration de guerre à leurs deux pays et entraînerait leur retrait de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest). Ajoutant qu’ils refusaient d’appliquer les sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériennes. Les dirigeants ouest-africains, soutenus par leurs partenaires occidentaux, dont la France, ont fixé un ultimatum d’une semaine à la junte militaire au Niger pour un retour complet à l’ordre constitutionnel. La Cédéao avait également décidé de suspendre toutes les transactions commerciales et financières entre ses Etats membres et le Niger, et de geler les avoirs des responsables militaires impliqués dans le coup d’Etat, a-t-on informé encore.

La Russie exige le dialogue
Le ministère russe des Affaires étrangères a appelé au dialogue pour éviter une dégradation de la situation au Niger, alors que les dirigeants d’Afrique de l’Ouest soutenus par la France ont brandi la menace d’une intervention armée.
La diplomatie russe juge extrêmement important d’empêcher une nouvelle dégradation de la situation au Niger. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova a plaidé pour l’organisation urgente d’un dialogue national pour rétablir la paix civile, assurer la loi et l’ordre, dans un point presse du 2 août.

Oki Faouzi