Indicateurs financiers de l’économie algérienne, taux de croissance, inflation, cotation du dinar, réserves de change 2001/2023 et les perspectives

Economie

L’objet de cette présente contribution est de relater à partir des données officielles tant nationales qu’internationales en synthèse, l’évolution des indicateurs macro- financiers de l’Algérie de 2001 au 31/12/2023 et de tracer les perspectives, l’Algérie ayant d’importantes potentialités.
1.- Quelle est l’évolution de l’inflation, de la cotation du dinar et des réserves de change entre 2001/2023( source FMI- Banque d’Algérie) ?
L’évolution de l’indice des prix à la consommation se calcule par rapport à la période précédente : à titre d’exemple un taux d’inflation, de 7% en 2023 rapporté à un taux d’inflation de 10% en 2022 donne un taux cumulé de 18 pour cent. La raison essentielle de l’inflation dépend de plusieurs facteurs interdépendants : de facteurs externes avec le retour de l’inflation au niveau mondial, dont le prix international des produits importés. Mais également de facteurs internes, de la non-proportionnalité entre les dépenses monétaires et à la corruption via les surfacturations. L’évolution du taux d’inflation de la période de 2000 à décembre 2023 selon le site international financier Index Mundi a évolué ainsi : – 2000, 2,0% – 2001, 3,0% – 2002, 3,0% – 2003, 3,5% – 2004, 3,1% – 2005, 1,9% – 2006, 3,0% – 2007, 3,5% – 2008, 4,5% – 2009, 5,7%, – 2010, 5,0% – 2011, 4,5% – 2012, 8,9% (après les augmentations de salaires) – 2013, 3,9% – 2014, 2,9% – 2015, 4,2% – 2016, 5,9% – 2017, 5,6% – 2018, 5,6% – 2019, 5,6%. – 2020, 2,4% -2021 4,2%. – 2022 le taux d’inflation estimé en Algérie s’est établi à 9,3% selon le Fonds monétaire international (FMI), Au cours de la période d’observation de 1970 à 2022, le taux d’inflation moyen était de 8,8 % par an. Au total, la hausse des prix sur cette période a été de 6.969,61 %. Un article qui coûtait 100 Dinars en 1970 était donc facturé 7.069,61 Dinars début 2023. L’inflation reste forte en 2023, avec, en septembre 2023, une hausse des prix à la consommation évaluée à 10,32 % en glissement annuel, d’après les données de Trading International, 8,2% en octobre 2023 et .8,9% en décembre 2023. Concernant l’évolution de la cotation du dinar , nous avons l’évolution suivante :2001 -77, 26 dinars 1 dollar et 69,20 dinars un 1 euro-2005–73,36 dinars 1 dollar et 91,32 dinars 1 euro-2010- 74,31 dinars 1 dollar et 103,49 dinars 1 euro- 2015- 100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro – 2016-100,46 dinars 1 dollar et 111,44 dinars 1 euro- 2018- 116,62 dinars 1 dollar et 137,69 dinars 1 euro- 2019- 119,36 dinars 1 dollar et 133,71 dinars 1 euro- 2020- 128,31 dinars 1 dollar et 161,85 dinars 1 euro- 2021134,03 dinars 1 dollar et 157,80 un euro – 2022- 140, 24 pour 1 dollar et 139,30, un dinar pour 1 euro. 29/12/ 2023 1434,113 dinar un dollar et 148,40 un euro- 01 janvier 2024 134,223 dinars un dollar et 147,31 dinars un euro et le 16 janvier 2024 134,4894 dinars un dollar et 146,8857 dinars un euro.
Cette dévaluation du dinar a permis d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (reconversion des exportation hydrocarbures en dinars) et la fiscalité ordinaire (via les importations tant en dollars qu’en euros convertis en dinar dévalué), cette dernière accentuant l’inflation des produits importés (équipements), matières premières, biens finaux, montant accentué par la taxe à la douane s’appliquant à la valeur dinar, étant supportée en fin de parcours, par le consommateur comme un impôt indirect, l’entreprise ne pouvant supporter ces mesures que si elle améliore sa productivité. Mais cette dépréciation du dinar officiel par rapport au dollar et à l’euro accélère la méfiance du citoyen vis-à-vis du dinar, amplifiant la sphère informelle, le Président de la République lors de sa rencontre avec la presse le 4 avril 2021, a indiqué que le chiffre oscillerait entre 6.000 et 10.000 milliards de dinars entre 33 et 47% du PIB, soulignant des données contradictoires et un système d’information non fiable. Qu’en est -il des réserves de change qui tiennent la cotation du dinar officiel à plus de 70% en rappelant sue les réserves internationales d’un pays étant selon la définition du FMI, l’ensemble des disponibilités composant le portefeuille des actifs que sa Banque centrale détient (devises, or, droits de tirages spéciaux (DTS) : elles sont évolué ainsi de 2001 au 01 janvier 2024:
– 2001 : 17,9 milliards de dollars,
– 2005 : 56,2 milliards de dollars,
– 2010 : 162,2 milliards de dollars,
– 2011 : 175,6 milliards de dollars,
– 2012 : 190,6 milliards de dollars,
– 2013 : 194,0 milliards de dollars,
– 2014 : 178,9 milliards de dollars,
– 2015 : 144,1 milliards de dollars,
– 2016 : 114,1 milliards de dollars,
– 2017 : 97,33 milliards de dollars,
– 2018 : 79,88 milliards de dollars,
– 2019 : 62 milliards de dollars,
– 2020 : 44,2 milliards de dollars,
– 2021 : 47 milliards de dollars,
– 2022 : 61 milliards de dollars,
– 2023 : 73 milliards de dollars et environ 85 avec les réserves d’or de 173 tonnes. Sur le marché parallèle le dinar algérien est étant coté le 16 janvier 2023 l’euro s’échange à 239 dinars à la vente et 238 dinars à l’achat, un niveau jamais atteint , le dollar américain, à 216 dinars à l’achat et 218 dinars à la vente, la livre sterling, à 268 dinars à l’achat et 270 dinars à la vente et le dollar canadien 157 dinars à l’achat et 159 dinars à la vente. Il sera difficile de combler l’écart avec le marché parallèle pour la simple raison que l’allocation de devises pour les ménages est dérisoire, la sphère informelle suppléant à la faiblesse de l’offre et par ailleurs bon nombre d’entreprises du fait de la faiblesse de l’allocation devises pour éviter la rupture d’approvisionnement iront au niveau de cette sphère. Les bureaux de change dont le décret remonte à 1995 avec d’autres modalités juridiques en 2023 et qui devait être installées fin 2023 afin de limiter le cours sur le marché parallèle n’ont pas encore vu le jour.

2.- Les raisons de inflation et de l’écart du cours du dinar officiel et celui du marché parallèle sont au nombre de sept facteurs.
Premièrement, par la faiblesse de la production et la productivité, l’injection de monnaie sans contreparties productives engendrant le niveau de l’inflation, encore que comparé à bon nombre de pays dans le monde, le taux de croissance est positif selon le FMI grâce aux cours des hydrocarbures où après un rebond significatif de 3,4 % en 2021, l’activité économique s’est maintenue à un taux de croissance de 3,2 % en 2022, devant se maintenir à 3,1 % en 2023, avant de ralentir à 2,1% en 2024.
Selon la majorité des experts, il faut un taux de croissance sur plusieurs années de 8/9% pour absorber el flux additionnel de demande d’emplois entre 350.000/400.000/an qui s’ajoute au taux de chômage actuel évalué par le Fmi en 2023 à environ 14%, des emplois créateur de valeur ajoutée et non des emplois rente ou dans l’administration. L’Algérie, selon le FMI, fonctionne, entre budget de fonctionnement et d’équipement, à plus de 137 dollars en 2021 et entre 145/ 150 dollars le baril pour 2022/2023/ 2024, malgré toutes les restrictions qui ont paralysé l’appareil de production avec des impacts inflationnistes et une population en croissance accéléré qui dépasse 46 millions en janvier 2024 avec une population active de plus de 13 millions;
deuxièmement, par la diminution de l’offre du fait que la crise mondiale, combinée avec le décès de nombreux retraités algériens, a largement épongé l’épargne de l’émigration.
Cette baisse de l’offre de devises a été contrebalancée par les fortunes acquises régulièrement ou irrégulièrement par la communauté algérienne localement et à l’étranger qui font transiter irrégulièrement ou régulièrement des devises en Algérie, montrant clairement que le marché parallèle de devises est bien plus important que l’épargne de l’émigration ;
troisièmement, la demande provient de simples citoyens qui voyagent : touristes, ceux qui se soignent à l’étranger et les hadjis) du fait de la faiblesse de l’allocation devises dérisoire. Mais ce sont les agences de voyages qui, à défaut de bénéficier du droit au change, recourent elles aussi aux devises du marché noir étant importateurs de services. Majoritairement elles exportent des devises au lieu d’en importer comme le voudrait la logique touristique comme en Turquie, au Maroc ou en Tunisie ; quatrièmement, la forte demande qui provient de la sphère informelle avec une intermédiation financière informelle loin des circuits étatiques, expliquant le résultat mitigé de la mesure d’intégrer ce capital argent au sein de la sphère réelle.
Pour lutter contre l’extension de la sphère informelle, le gouvernement veut accélérer la numérisation des paiements et s’orienter vers l’adoption d’une forme numérique de monnaie dont elle assurera l’émission, la gestion et le contrôle sous le nom de dinar numérique algérien. Mais l’on ne doit pas confondre la monnaie numérique avec les crypto-monnaies qui circulent sur Internet hors de toute institution bancaire, ne reposant pas sur un tiers de confiance, comme une banque centrale, n’ayant pas d’autorité centrale d’émission ni de régulation.

Abderrahmane Mebtoul
Pr des Universités
Expert international
(A suivre…)