Afin d’éviter les erreurs du passé, la relance économique de l’Algérie implique un langage de vérité

Economie

Nous avons assisté durant l’année 2023, à des discours d’experts organiques qui ont induit en erreur les plus hautes autorités du pays dont le président de la République, qui n’ a pas besoin de louanges, ayant dans plusieurs de ses orientations insisté pour un langage de vérité, ni sinistrose, ni autosatisfaction et les médias nationaux ont un rôle important à jouer afin d’éclairer l’opinion publique afin de la mobiliser pour le redressement national. Cette présente contribution donne quelques exemples sur des dossiers stratégiques qui engagent le développement du pays et la sécurité nationale.

On ne décrète pas la relance économique qui implique de profondes réformes structurelles afin d’avoir un taux de croissance qui dépasse la croissance démographique ( 46 millions au 1 janvier 2024 allant vers plus de 50 millions horizon 2030) dont 350.000/400.000 de demandes d’emplois additionnels par an qui s‘ajoute au taux de chômage.
Les réformes concernent les institutions par l’amélioration de l’environnement des affaires, dont la lutte contre le cancer de la bureaucratie centrale et locale, la réforme du système financier dans toute sa composante (banques publiques accaparent plus de 85% des crédits octroyés, la fiscalité, la douane, les domaines), le système socio-éducatif du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle, les institutions internationales prévoyant un déclassement des emplois traditionnels pour plus de 70% par l’intelligence artificielle, sans oublier le danger des cyber attaques.
Selon les données officielles, la structure des exportations hors-hydrocarbures en 2022 est la suivante ( en millions de dollars – source statistiques douanières)
– Chimie, pétrochimie et dérivées d’hydrocarbures 4248,09
Médicaments et produits pharmaceutiques 3,61
Matériaux de construction ( ciment et ronds à béton 1017,43
Métallurgie/sidérurgie 423,40
Plastiques, caoutchouc, verre 172
Produits agro-alimentaires 149,69
Produits agricoles 103,68
6533,0, millions de dollars fin 2022
Les produits dérivés d’hydrocarbures dus surtout à l’effet prix en 2022 et à un degré moindre à l’effet volume représentent 65,02% du total de la rubrique hors hydrocarbures soit un montant de 2,5 milliards de dollars hors dérivées hors hydrocarbures. Si l’on inclut le ciment, le rond à béton, dominants dans les matériaux de construction, les exportations étant des semi-produits à faible valeur ajoutée bénéficiant d’importantes subventions (dont le prix du gaz à environ 10/20% du prix international), nous avons un taux de 80,60% ; restant aux autres produits 19,40% soit environ 1,5 milliards de dollars. Pour 2023, au cours du premier semestre de l’année 2023, le volume des exportations hors hydrocarbures s’est élevé à 2,5 milliards de dollars (9,4 % du total des exportations), contre 3,2 milliards de dollars au premier semestre de l’année 2022, enregistrant ainsi une baisse de 22,4% ce qui donnerait en tendance fin 2023, 5 milliards de dollars ( source APS citant les statistiques douanières soit en prenant le ratio précédent de 65% environ 1,7 milliards de dollars pour les segments à fortes valeur ajoutée le ratio 20% 1 milliard de dollars Alors que certains soi disant experts organiques induisant en erreur tant les décideurs que l’opinion affirmaient, sans analyses objectives que les exportations hors hydrocarbures allaient d’élever à 10 milliards de dollars pour 2023 et 13 milliards de dollars pour 2024. Aussi, pour bien situer les enjeux des exportations hors hydrocarbures dans le temps et non se fier aux facteurs conjoncturels, il faudrait pour un bilan serein en dressant la balance devises nette et retirer toute les matières premières et services importées en devises qui ont un impact sur la balance des paiements et quantifier les subventions dont les bonifications des taux d’intérêt et pour les unités fortes consommatrices d’énergie, aligner le prix du gaz sur celui du prix international pour calculer leur rentabilité réelle dans un cadre concurrentiel mondial.
Le deuxième dossier concerne le fer de Gara Djebilet qui est un des plus grand gisement au monde avec une bonne teneur où certaines experts annonçaient avec son exploitation, déclarations démenties récemment par les autorités pour qui la voie de chemin de fer indispensable ne sera opérationnel que dans 36 mois minimum à compter du 01 janvier 2024 et que l’exploitation d’une grande quantité ne se fera que fin 2026. Comme devra être résolu la diminution de l’oxydation de ce fer 0,8% pour le ramener à moins de 0,01% , ce qui est en cours. Comme instruit par les autorités du pays, il n’est pas question d’exporter le fer à l’État brut dont le cours fluctue entre 2023/janvier 2024 entre 100 et 120 dollars la tonne. Pour 30 millions de tonnes le chiffre d’affaire varierait entre 3 milliards et 3,6 milliards de dollars devant soustraire les coûts d’exploitation et de transport d’environ 50% restant 1,5 milliard de dollars qui reste à partager avec le partenaire étranger selon la règle es 49/51% restant pour l’Algérie entre 800 et 900 millions de dollars de profit net. Les autorités ont décidé de descendre à l’aval de la filière notamment l’acier dont le cours sur le marché mondial varie entre 600 et 700 dollars la tonne en étant conscient que le fer de Gara Djebilet procurera un profit juste moyen contrairement aux hydrocarbures mais avec un important avantage devant favoriser la densification du tissu industriel
Autre exemple , deal déclaration de certains experts repris par la presse nationale d’exporter en 2024 100 milliards de mètres cubes gazeux supposant une production entre 150/170 milliards de mètres cubes gazeux : car pour une production de 115 milliards de mètres cubes gazeux, il faudra faut réinjecter dans les puits environ 20%, 55% étant l’exportation et 45% la forte consommation intérieure qui selon les données du ministère de l’Energie, en cas de non couvertes substantielles et du maintien de l’actuelle politique des subventions ( environ 20% du prix international) risque de dépasser les exportations actuelles horizon 2030. Pour atteindre ce volume de 100 milliards de mètres cubes gazeux d’exportation , l’Algérie entrevoit dans le cadre de la transition énergétique de favoriser le Mix énergétique en développant l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables 40% de la consommation intérieure horizon 2030/2035, l’hydrogène vert et l ’hydrogène bleu cette différence pouvant être exportable et donc réaliser les 100 milliards de mètres cubes gazeux d’exportation mais, les experts sont unanimes, pas avant 2026/2027.

En conclusion, l’Algérie du fait de ses potentialités avec une nouvelle politique économique peut devenir un pays pivot. Existant un lien dialectique entre sécurité et développement, toute récession économique aurait des incidences sociales et politiques internes, posant la problématique de sa sécurité intérieure, mais également déstabilisatrices géostratégiques au niveau de la région méditerranéenne et africaine renvoyant à sa sécurité extérieure.

Dr Abderrahmane Mebtoul,
Pr des Universités, expert international