La grandeur et la pertinence du mois sacré du Ramadhan

Islam

Institué à Médine en l’an 624, le jeûne du Ramadhan est une commémoration de la première révélation faite au Prophète Mohammed (QSSL) au neuvième mois de l’année lunaire. C’est un moment de piété, de joie et de générosité, où l’individu est attentif aux plus démunis et renforce les liens avec la communauté religieuse. Le pratiquant observe la prière, une stricte abstinence diurne et le rite de la rupture du jeûne au coucher du soleil.

Ainsi, les musulmans ont le devoir de prier, de réfléchir à la place de la foi dans leur vie et à la manière de développer leurs qualités humaines, telles que la patience, la douceur, la compassion et l’humilité. Enfin, ils pratiquent l’aumône zakât al-fitr, qui consiste à verser une taxe obligatoire à la mosquée ou à un individu dans le besoin, juste avant la fin du Ramadan.

Le jeûne dans les religions du livre et autres croyances
Mais comme l’indique le verset (2 :183) du Saint Coran, cité plus haut, le jeûne religieux est une pratique antérieure à l’Islam. Les fidèles d’Abraham jeûnaient aux éclipses, aux équinoxes et aux solstices. La religion israélite connaît des jeûnes périodiques, dont le plus célèbre est le Yom Kippour. v Le carême est une période de 40 jours pendant laquelle le chrétien se prépare à Pâques en jeûnant chaque année. Les Sabéens jeûnaient 30 jours par an ; les plus pieux jeûnaient le dimanche et le lundi. Les zoroastriens, les totémistes, les prêtres amérindiens jeûnent en diverses occasions.
Sylvie Briet a écrit sur ce sujet dans Sciences et Avenir ce qui suit : vi“Moïse, Jésus, Mahomet : les trois ont jeûné dans le désert. Yom Kippour, carême, ramadan : trois manières d’observer le jeûne. Nées au Moyen-Orient, dans des paysages de sable et de soleil, les trois grandes religions monothéistes ont inscrit cette pratique dans leur calendrier.
La durée varie, les modalités ont évolué au fil des siècles, mais pour toutes, le temps de la diète est l’occasion de se recentrer sur le spirituel, de s’ouvrir au partage. Une autre façon d’être au monde. Le ramadan correspond au neuvième mois du calendrier lunaire, durant lequel l’archange Gabriel a révélé le Coran à Mahomet, selon l’islam. Le jour exact de son commencement n’est décidé qu’à la toute fin du mois précédent le jeûne — le mois de Chaabane — et s’achève le premier jour de Chawwal, lors des fêtes de «rupture du jeûne», l’Aïd el-Fitr. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) se réunit chaque année pour annoncer la date précise du début du ramadan. “
De même, selon Cultural Awareness International, le jeûne est une pratique courante dans de nombreuses religions et philosophies : vii
“Les religions et les philosophies qui pratiquent le jeûne comprennent : Le bouddhisme, le christianisme, l’islam, le judaïsme, le taoïsme, le jaïnisme et l’hindouisme.
Le jeûne peut durer quelques heures ou même quelques semaines, les pratiquants mangeant généralement le soir. Il est intéressant de noter que, même au sein d’une religion, les différentes dénominations ou sectes peuvent jeûner différemment ou à des moments différents.
Par exemple, au sein du christianisme, il existe plusieurs dénominations différentes qui jeûnent à des moments différents. Les catholiques ne mangent pas de viande le vendredi pendant le Carême, tandis que les chrétiens coptes, la principale forme de christianisme en Égypte, jeûnent pendant des durées différentes pendant un total de 210 jours au cours de l’année. Ils ont huit jeûnes principaux, et chacun dure une durée différente et restreint le régime alimentaire d’une manière unique. “

Chez les Juifs, l’expiation et le pardon de Yahvé
Cette pratique était déjà profondément ancrée dans la tradition judéo-chrétienne, comme en témoignent les nombreuses références dans l’Ancien Testament. A plusieurs reprises, le peuple juif a jeûné pour mettre fin à une calamité, pour expier ses fautes ou pour demander le pardon de Yahvé. Si la religion des Hébreux s’est construite en opposition à la dimension magique des croyances mésopotamiennes, elle en a repris certains principes, notamment les restrictions alimentaires. viiiAujourd’hui, pour les Juifs, le principal jour de jeûne est Yom Kippour, un temps de repentance, de pardon et de réconciliation. “Car en ce jour, l’expiation est faite pour vous, pour vous purifier de tous vos péchés devant le Seigneur“, dit le Lévitique, l’un des cinq livres de la Torah. Le compte à rebours commence le jour du nouvel an juif, Rosh Hashanah, qui tombe en septembre ou en octobre, selon les années. Les fidèles observent dix jours de repentance et le dixième jour – Yom Kippour – ils s’abstiennent de boire, de manger, de travailler, de se laver ou d’avoir des relations sexuelles du crépuscule de la veille au crépuscule du lendemain. D’autres actions sont interdites, comme l’utilisation de pommade ou le port de chaussures en cuir. Il s’agit d’un rituel d’introspection au début de l’année, d’une restauration de la pureté. Le peuple juif examine les péchés commis et procède à un examen de conscience, qui culmine à Yom Kippour, pour ressortir complètement pur. La tradition juive est riche d’une infinité de commentaires, dont certains relient cette purification à celle effectuée sur le mont Sinaï où Moïse a reçu les tables de la Loi. Il existe six autres jours de jeûne, moins suivis, mais tous liés à l’histoire du peuple juif comme celui qui commémore les deux destructions du Temple de Jérusalem, appelé Ticha Beav. ix

Le carême, un temps de prière sans ostentation
Comme l’islam, le christianisme s’est inspiré du jeûne juif, à commencer par Jésus. Juste après son baptême, il se retire dans le désert et jeûne pendant 40 jours, une période qui fait écho à celle observée par Moïse qui n’a ni mangé ni bu pendant 40 jours et 40 nuits sur le mont Sinaï. x Cet épisode de l’Évangile est connu sous le nom de “Tentation du Christ”, car le diable en a profité pour le tester à plusieurs reprises. Les disciples, eux, n’ont pas jeûné. Lorsque les Juifs lui demandent pourquoi, Jésus répond : “Les compagnons de l’époux peuvent-ils se lamenter pendant que l’époux est avec eux ? Mais il viendra des jours où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront.” Le Book of Common Prayer xi énumère 16 jours observables pour les veillées, les jeûnes et les commémorations: la Didaché xii ordonnait des jeûnes le mercredi et le vendredi ; les catholiques romains exigent que le vendredi, aucun repas ne soit pris ; les carmes, les chartreux et les cisterciens ordonnent un jeûne régulier, mais chez d’autres, il est pratiquement inexistant.

Le jeûne, aussi pour protester contre
la violence
Les premiers chrétiens observaient une diète les mercredis et vendredis ainsi qu’une semaine avant Pâques. Au quatrième siècle, ils ont étendu cette période à 40 jours avant Pâques, en référence au jeûne du Christ. C’est le carême,xiii un temps de prière, de partage et d’abstinence auquel les fidèles sont censés s’adonner sans ostentation, tout comme l’aumône et la prière doivent être observées en secret. La pratique s’est allégée au fil du temps.
Aujourd’hui, l’Église catholique impose un jeûne le mercredi des Cendres et le vendredi saint (jour de la crucifixion). Par extension, chaque vendredi, on ” mange maigre “, c’est-à-dire sans viande, d’où le choix du poisson. Lors de la fête de Pâques (résurrection de Jésus), qui clôt cette période, il est de tradition de manger l’agneau pascal, également symbole pour les Juifs lorsqu’ils célèbrent Pessah.
Si le jeûne traverse les siècles, il peut prendre aujourd’hui une connotation plus politique. Par exemple, après les attaques terroristes du 7 janvier 2015 à Paris, un prêtre, un rabbin et un musulman, rejoints par un moine bouddhiste, ont appelé à un jeûne interconfessionnel pour protester contre la violence. Des milliers de personnes ont immédiatement répondu à cet appel.
M.CH
(Suite et fin)